La bataille pour le contrôle des directoires de campagne du candidat Mamadi Doum-bouillant fait rage dans l’arrière-bled. Dans le buisson de Labé, deux camps se livrent une guerre fratricide sans merci.
En l’absence de l’opposition, la campagne pour la présidentielle du 28 décembre prochain met finalement aux prises les soutiens du candidat au pourboire. La guéguerre pour le poste du dirlo national de campagne du Doum-bouillant a été remportée par le PM Amadeus Oury Bah, au détriment d’Ousmane, l’ex-Gawa de l’UFDG et tant d’autres prétendants. Mais elle continue dans les buissons de l’intérieur. Les soutiens de Mamadi Doum-bouillant se crêpent désormais les signons dans les régions et préfectures. A Labé, deux camps s’entre-déchirent.
Cellou Ta-Baldé et Mory Con(.)dé envers et contre tous
Il n’y a encore aucun acte officiel prouvant que les autorités de la transition ont jeté leur dévolu sur untel. Mais les protagonistes affûtent leurs armes. Cellou Ta-Baldé, ex-coordinateur des fédérations de l’UFDG à l’intérieur du bled, actuel ministre de la Jeunesse, jure la main sur le palpitant qu’il a reçu la bénédiction Doum-bouillante pour piloter la campagne électorale dans sa région. Il a déjà entrepris de meubler les directoires préfectoraux de campagne, sans attendre.
Mais la concurrence est rude. « Pour nous, aucun choix n’a été opéré à Labé. Ce sont ceux qui veulent s’imposer par la force qui font du bruit », tacle Alghassimou Baldé. Ce leader d’un mouvement de soutien à Labé accuse le camp rival de vouloir les écarter : « S’il y a un directoire à installer, ce sont les mouvements de soutien qui choisiront. Quelques personnes ne peuvent pas s’autoproclamer et nous appeler à des réunions. Ils sont dans le mensonge, nous ne les suivrons pas. »
Des griefs balayés du revers de la main par Idrissa Sampiring Diallo de la Coalition citoyenne : « Cellou Baldé a dit publiquement, devant tous ceux qui font du bruit là, qu’il a été choisi par Mamadi Doumbouya, personne n’a contesté. Maintenant, ils veulent pousser le Président à le destituer, en lui faisant croire que Cellou ne fait pas l’unanimité ».
Lutte de clans
Cellou Ta-Baldé a jeté son dévolu sur Mamadou Aliou Sampiring Diallo, ex-maire adjoint de la commune urbaine et figure de l’UFDG, pour diriger la campagne préfectorale. Un choix qui fait naturellement jaser. Même si le problème dépasse l’identité du dirlo de campagne : il s’agit d’une lutte de clans pour s’imposer comme l’interlocuteur directe de Mamadi Doum-bouillant à Labé. Une guerre de positionnement.

D’un côté, le ministre de la Jeunesse Cellou Ta-Baldé, son homologue de l’Usur-banisme Mory Con(.)dé et famille : sa douce-moitié, Kanni Soumano et son beau-frère, Faux-dé Soumano ; mais également le dirlo préfectoral de la Jeunesse de Labé. Ils se croient mieux placés pour mobiliser dans le buisson. « Cellou Baldé sait qu’au niveau national, il ne représente rien. Il s’accroche donc à Labé pour éviter de se faire éjecter du navire. Il pense que le ministre, dont la belle-famille [les Soumano] est de Labé, peut l’aider », glisse une langue fourchue du coin. La présence du beau-frère du ministre Con(.)dé dans le groupe de Cellou Ta-Baldé fait aussi polémique : « Il n’a ni d’ancrage politique ni de niveau académique. Il est dans cette liste par le bon vouloir des deux ministres », ajoute la source.
Le passif référendaire
Se remémorant la gestion du référen-drôle du 21 septembre dernier, moult mouvements de soutien du CRND ne veulent pas entendre parler du tandem Cellou-Sampirig. A l’époque, l’utilisation des sous déboursés par le CNRD et des opérateurs comiques acquis à sa cause n’aurait pas été justifiée.
De l’autre côté, il y a la gêné-râle Aminata Diallo, le gêné-râle Mamadou Dian Diallo de la Présidence, Mamadou Barry, dirlo national adjoint du Budget ou une certaine Hadja Ciré qui se dit proche de la famille présidentielle. Ce groupe jurerait sur tous les saints que plus rien ne se ferait désormais à Labé sans lui. Il n’est pas en odeur de sainteté avec le clan Cellou. En conseil des ministres, le Prési de la transition aurait menacé que la campagne se fera sans ministres et administrateurs territoriaux. On soupçonne surtout Aliou Sampiring de toujours rouler pour l’UFDG. « Je prends Aliou Sampiring pour Aly Bongo : partout où il y a le mal, il est là », cogne un aigri.
Deux réunions ont eu lieu récemment à Cona-cris pour tenter d’apaiser les esprits. Sans succès. Cellou Ta-Baldé y a brillé par son absence. Une attitude critiquée jusque dans son camp. « Il s’accroche à une chose qui n’en vaut pas le coup », déclare un de ses proches à Labé. Le camp d’Aminata aurait lui aussi fait sa liste et transmis à qui de droit. Le Directoire national de campagne va devoir trancher.
L’après présidentielle en ligne de mire
Le quiproquo entre soutiens d’Ami Diallo et ceux de Cellou Ta-Baldé remonte à la campagne pour le référen-drôle du 21 septembre dernier. La Gêné-râle n’aurait pas gobé la qualité de la mobilisation à Labé, convaincue que le transfuge de l’UFDG n’est pas aussi populaire qu’il le prétend. Ses détracteurs en veulent pour preuve les huées que l’ex-dépité uninominal a essuyées au Stade Saïfoulaye Diallo la veille du scrutin.
Comme si cela ne suffisait pas, on accuse ses proches de s’être servis dans l’argent de la campagne : « Des dizaines de millions ont été décaissés pour les grins des jeunes de Labé, l’argent n’est jamais arrivé », rumine un jaloux. De quoi alimenter des invectives via réseaux sociaux et médias interposés ; voire des menaces par moment.
Sampiring, contesté, a commencé les consultations pour constituer les commissions et les règles devant gouverner le directoire préfectoral de campagne. Il aurait réuni son camp dans l’ancien amphithéâtre de Labé, sans associer les proches de la porte-voix du CNRD.
Selon un acteur de la société civile, toute cette bataille est menée pour des intérêts égoïstes : « Ce sont les bénéficiaires des décrets de Mamadi Doumbouya et les résidents de Labé qui se battent. Apparemment, après l’élection, ce sont ceux qui sont dans les directoires de campagne qui vont bénéficier des premiers décrets. Ceux qui sont déjà aux affaires craignent d’être remplacés par les résidents. Alors que ces derniers aussi sont prêts à tout pour avoir un décret. »
Yacine Diallo



