Annoncée à plusieurs reprises, la fermeture de la décharge de Dar-Es-Salam 2 attend toujours, au grand dam des riverains avec pour conséquences les nuisances et autres incommodités. Cette fermeture avait été pourtant décidée par le Général Mamadi Doumbouya, il y a déjà deux ans. Faudrait-il le rappeler, le 22 aout 2017, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Conakry avaient causé la mort de dizaines de personnes et de nombreux blessés suite à l’éboulement de la décharge de Dar-Es-Salam 2æ. Malgré la catastrophe ayant endeuillé bien des familles, le calvaire des riverains continue…
Pour rappel, le quartier Dar-Es-Salam 2 est désormais dans la commune de Gbessia. Il abrite la décharge de Conakry, où 30% des 1 200 tonnes d’ordures produites par jour sont acheminées. La décharge d’une superficie de plus d’une dizaine d’hectares, représente un danger permanent pour les populations riveraines. Ouverte dans les années 80 pour une population de 500 mille habitants, il était prévu vingt ans après sa délocalisation. Le laxisme aidant, l’on a laissé faire. Avec les conséquences que nous vivons actuellement.
Suite au drame du 22 août 2017, des mesures urgentes devaient être prises à savoir :
- Procéder à la fermeture systématique et sans délai de la décharge. Assurer le transfert des ordures sur le site de Kagbélen, devant servir de décharge publique ;
- Assurer le relogement des occupants de la zone pour éviter leur contamination par diverses épidémies ;
- Doter l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique de son budget d’équipement et de fonctionnement pour lui permettre de jouer pleinement son rôle.
Et comme rien n’en a été pour ce qui concerne la décharge, c’est le statu quo.
Quid des engagements pris par le gouvernement
En juin et juillet derniers, des annonces de fermeture de la décharge de Dar-Es-Salam avaient été faites. Au regard de l’importance de la décision prise par les plus hautes autorités de la place, on s’attendait à une diligente concrétisation des engagements pris, avant la fin de la saison de pluie. C’est à la fin de cette saison, à la faveur de la clôture des travaux de la 7éme édition du Transform Africa Summit (TAS), que le Premier ministre, Bah Oury, a annoncé une nouvelle fois la fermeture de la décharge de Dar-Es-Salam en ces termes : « Nous allons la transformer, comme l’a été celle d’Akouédo, en parc de grande qualité. Nous allons le faire, parce que nous avons progressé. Certes, vous constatez encore des déchets, mais nous allons changer la donne… », a-t-il promis le 14 novembre. Des intentions certes bien louables, mais qui exigent de l’Etat bien des efforts d’ordre financier. Et pour s’en convaincre, une brève présentation du parc d’Akouédo d’Abidjan.

Le parc d’Akouédo d’Abidjan
Durant des décennies, la décharge d’Akouédo a été l’unique déversoir du grand Abidjan, accueillant sur près de 90 hectares, des cargaisons d’ordures ménagères ou industrielles. Ouvert en 1965 en bordure de la ville, le site s’est progressivement retrouvé cerné par les nouveaux quartiers de cette agglomération en constante expansion, imposant aux riverains ses émanations suffocantes.
Rien ne subsiste aujourd’hui du paysage d’autrefois, ces monticules de détritus flanqués de marigots fétides où s’activaient des bataillons de chiffonniers à la recherche de bouts de métal ou de plastique. Totalement saturée, la décharge a été fermée fin 2018. Un grand chantier de réhabilitation a alors été lancé pour un coût estimé à quelque 121 milliards de francs CFA (185 millions d’euros), entièrement financé par l’Etat. C’est donc cet aspect du financement du projet de transformation de la décharge en parc. L’Etat ivoirien a pu mobiliser sur fonds propres le budget ayant permis le financement de la réalisation du parc d’Akouédo. Qu’en sera-t-il pour notre projet ?
Cheick Tidiane


