Le 11 novembre, Alpha Ousmane Diallo a été tué au quartier Dar-Es-Salam 3, dans la commune de Gbessia. L’adolescent de 11 ans a reçu une balle en plein cœur lors d’un affrontement entre jeunes et forces de l’ordre, alors qu’il se rendait à son école coranique.

Le drame s’est produit en marge d’une courte manifestation dans la zone. La victime tentait, selon les témoins et ses parents, de rejoindre son lieu de mémorisation du coran. Il aurait croisé le chemin d’un groupe de bidasses. Ceux-ci auraient ouvert le feu. Alpha Ousmane, touché, rend l’âme sur le coup.

Des jeunes auraient tenté de le sauver en le déposant d’urgence à l’hôpital Jean-Paul 2, mais les médecins n’ont pu que constater son décès.

Le lendemain, dans la famille mortuaire, c’est la tristesse et la désolation. Kadiatou Diallo, mère de la victime, encore sous le choc : « Alpha Ousmane ne m’a jamais contredit. Il partait à l’école et mémorisait en même temps le coran. Hier matin, comme c’était férié, il n’est pas allé à l’école. À 7h 30, il est allé à son école coranique et est revenu à 13h. Après la prière de 14h, on a mangé ensemble. Il s’est lavé, a fait ses ablutions et a pris le chemin de son école coranique. On s’est séparé ici, je suis également partie à mon école coranique. Sur le chemin, il a croisé ses agresseurs qui lui ont tiré dessus. Mon téléphone a sonné, je décroche, on m’annonce que mon fils a reçu une balle et il est mort. J’ai pardonné à mon fils, mais je ne pardonnerai jamais à celui qui a tiré sur lui. »

Kadiatou Diallo

Selon Mamadou Adama Diallo, oncle de la victime, Alpha Ousmane Diallo a reçu la balle sur le dos : « Son frère m’a informé que mon neveu a fait un accident, arrivé à l’hôpital Jean-Paul 2, c’est le corps d’Alpha Ousmane que je vois.  Ils ont effectivement tiré sur lui sur le dos, la balle l’a transpercé pour ressortir par devant. C’est là que j’ai compris que ce sont les militaires qui ont tiré sur lui. On s’en remet à la volonté de Dieu ! » témoigne-t-il, avant de lancer un appel aux autorités du pays : « Nous demandons aux autorités de sécuriser la population, parce que c’est leur rôle. Qu’il arrête de nous assassiner, ce sont eux qui sont censés nous protéger. S’ils font le contraire, où allons-nous nous plaindre ?  Imaginez avoir un enfant, l’élever jusqu’à ce qu’il grandisse et quelqu’un l’abatte comme s’il était un animal, il n’y a plus que cette douleur. Qu’ils se mettent à notre place avant de tirer sur les enfants. »

Mamadou Alpha Diallo, père de la victime, de renchérir : « Ces hommes en tenue sont censés protéger la population, s’ils assassinent cette population, nous ne pouvons rien dire. Mais qu’ils sachent une chose, seul Dieu est fort. Certes aujourd’hui ils ont les armes, ils règnent, mais tout finira par finir. »

Alpha Ousmane Diallo vient rallonger la liste des jeunes ayant perdu la vie sous les balles sur l’axe Hamdallaye-Bambéto. Il a été inhumé ce mercredi 12 novembre au cimetière de Bambéto, dans la commune de Ratoma.

Kadiatou Diallo