En assemblée générale le 1er novembre à Conakry, l’intersyndicale de l’éducation a accordé deux semaines au gouvernement, afin de satisfaire ses revendications. Passé ce délai, il entrera en grève générale illimitée dès le 16 novembre. Le Syndicat national autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNAESURS) a déclenché la sienne, lundi 3 novembre.

Un mois après la rentrée des classes au pré-universitaire, un bras de fer éclate entre l’intersyndicale de l’éducation (FSPE, SLECG, SNE) et le gouvernement autour des revendications syndicales articulées autour notamment de la signature du Statut particulier, de l’engagement des enseignants contractuels, du déblocage des salaires, du paiement des primes de fonction des hauts cadres et responsables des structures déconcentrées du secteur de l’éducation.

L’échec des négociations entre les deux parties à cause de représentation, entre autres, amène les syndicalistes à brandir la menace. Le 1er novembre, l’intersyndicale a conféré avec les syndiqués du Grand-Conakry au siège du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (Slecg) à Donka, pour discuter de la ligne à tenir face au « refus » du gouvernement de satisfaire à leurs exigences. « Vu les engagements que nous avons tenus, nous irons jusqu’au bout. Toutes les dispositions sont envisagées pour la réussite de notre combat. Nous disons haut et fort que tous les salaires bloqués des enseignants depuis 2023 seront débloqués », promet Aboubacar Soumah, le président du Slecg. Selon lui, tous les enseignants en classe seront retenus. « Nous demanderons vivement cela au gouvernement. Que tous les fictifs soient écartés. Nous ferons en sorte que les doublons soient recensés, car ils sont dans les classes. »

Le point d’achoppement entre l’intersyndicale et le gouvernement demeure le statut particulier révisé du personnel de l’Education. Aboubacar Soumah déclare que si les autorités n’y trouvent pas solution d’ici le 15 novembre, éclatera une grève générale illimitée. « Le 15 novembre est la date butoir. Si aucune disposition favorable n’est prise, on se réunira pour analyser la situation afin de prendre les dispositions qui s’imposent. Notre dernière arme sera exhibée », prévient-t-il. En attendant, il invite les enseignants au calme et à dispenser les cours jusqu’à nouvel ordre.

« Au cas où on ne se serait pas entendus, on ne dira pas que c’est la période électorale. On ne dira pas que nous sommes manipulés par des politiciens. C’est une coïncidence entre notre temps de revendication et la période électorale. Ce sont deux choses différentes », explique-t-il.

Une substitution qui fâche

Kadiatou Bah, la secrétaire générale du Slecg, déplore le fait que des primes soient coupées des « salaires débloqués des enseignants. Nous n’apprécions pas cela. L’autre point, c’est le blocage intégral des salaires de certains enseignants depuis décembre 2023. C’est inadmissible. Avec deux réunions de suite, nous n’avons pas eu de solution. Les enseignants contractuels ont tenu des activités qui ont failli virer au chaos. Pourquoi ce gouvernement ne veut pas nous inviter autour de la table pour discuter des différents points, comme d’habitude ? » s’interroge-t-elle.

Le blocage des négociations serait dû au fait que le ministère de la Fonction publique voudrait remplacer autour de la table l’intersyndicale par le mouvement syndical, pour discuter de l’aspect financier du Statut particulier. Michel Pépé Balamou, le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE) : « C’est l’intersyndicale qui a déposé le mémo et il faut que ce soit elle qui négocie avec le gouvernement. Pourquoi on nous envoie d’autres personnes ? Ils nous disent que c’est le coordinateur du mouvement syndical qui va piloter les discussions. On n’a rien contre lui, mais ce n’est pas le mouvement syndical qui est porteur de revendications, c’est l’intersyndicale. » Les syndicalistes refusent catégoriquement l’offre. « Nous sommes affiliés à des centrales syndicales, mais nos préoccupations sont purement sectorielles », précise Kadiatou Bah.

Enseignement supérieur, grève en cours

Le Syndicat national autonome de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNAESURS) a déclenché une grève générale illimitée, lundi 3 novembre, dans toutes les institutions publiques d’enseignement supérieur ainsi qu’au niveau des Centres de recherche scientifique. Son unique revendication : l’application du décret D/2024/0027/PRG/CNRD/SSG du 24 janvier 2024 fixant les rémunérations des fonctionnaires titulaires de grades dans les Institutions d’enseignement supérieur (IES), les Centres de recherche (CR) et les Centres de documentation et d’information (CDI). Le SNAESURS rappelle que la mise en œuvre du décret « est indispensable pour la dignité professionnelle et la motivation du personnel académique. » La reprise des cours est conditionnée à cela ; le mot d’ordre est suivi dans plusieurs universités, comme à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Kountia.

Yaya Doumbouya