Le 10 novembre, le Réseau ouest-africain des gestionnaires des backbones nationaux (Roa-BN) a inauguré son siège à la Cimenterie, dans la commune de Kagbélen. L’organisation réunit 6 pays dont la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger. Elle veut interconnecter des réseaux de fibres optiques de ses membres, afin de réduire notamment les coûts des transits des communications pour les populations concernées. La cérémonie a mobilisé plusieurs cadres de l’organisation et des autorités.

Tout a commencé à Bamako (Mali), il y a deux ans. Lorsque la Direction de la SOGEB (Société de gestion et d’exploitation de backbone) a émis l’idée de la création, lors d’une visite de travail, d’une organisation dont le but serait de fédérer les actions pour une Afrique de l’Ouest mieux connectée. L’idée a été concrétisée en décembre 2024 à Conakry, « grâce à la vision politique des chefs d’Etats des pays membres. » La Guinée, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, le Burkina Faso et le Niger, sont les six pays membres du Réseau ouest-africain des gestionnaires de backbone (Roa-BN). La cérémonie inaugurale a réuni les cadres du personnel de la SOGEB et des représentants des pays membres du Réseau, ainsi que la ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, Rose Pola Pricemou, qui a présidé la rencontre. Selon les organisateurs, le bâtiment servira à travailler sur les backbones nationaux et régionaux qui constituent les autoroutes de l’information.

« Création d’emplois directs et indirects »

Selon Cheick Oumar Traoré, président du Roa-BN, la mise en œuvre du Réseau permettra l’interconnexion des pays membres, la réduction des coûts de transit internet, la création d’emplois directs et indirects dans le secteur du numérique dans l’Afrique de l’Ouest. Pour Cheick Oumar Traoré, il n’est pas question d’une simple inauguration d’un bâtiment. « C’est un centre d’excellence et d’incubation pour l’innovation numérique, un hub de coordination de nos efforts régionaux, un symbole tangible de notre intégration sous régionale, le berceau de la future génération des infrastructures numériques africaines. » D’ici 2030, les membres du réseau s’engagent à connecter les zones non desservies, grâce à des projets prioritaires. Ils s’engagent aussi « à renforcer la résilience de leurs infrastructures contre les cyber-menaces, à développer des infrastructures, des services innovants pour leurs concitoyens et entreprises. Ainsi, promouvoir la formation et le transfert des compétences », déclare le président du réseau. Selon Cheick Oumar Traoré, le siège sera la lumière qui éclairera et guidera leur organisation vers un avenir numérique prospère et inclusif.

Mohamed Kourouma, Secrétaire exécutif du Roa-BN et par ailleurs Directeur général de la SOGEB, se dit content du fait que la Guinée « abrite la première fois le siège d’une organisation sous régionale. C’est le placement de la Guinée au cœur des intérêts de l’Afrique de l’Ouest. Cela est une vision du chef de l’Etat qui prône que la Guinée retrouve sa place sur la scène internationale. » Le Directeur de la SOGEB rappelle que l’importance de cette interconnexion des réseaux de fibres optiques des pays membres est un bénéfice pour les populations. « Le fait que les appels transitent par la France augmente le coût de communication. Mais le fait que nous nous parlons directement en mettant les IXP, qui sont les points de transit d’internet, permettra de réduire le coût de transit et de facto, de réduire le coût des communications. »

Gilles Thierry Beugré, Directeur général de l’Agence nationale du service universel de télécommunication (ANSUT) de la Côte d’Ivoire, indique que le Roa-BN est « l’autoroute qui transporte les données sur l’espace d’un territoire. Donc, c’est communiquer plus vite, booster tout ce qui est transformation digitale. Cela est un impact sur l’ensemble des populations même dans les zones les plus reculées, traversées par les fibres optiques. C’est une vision d’une Afrique totalement connectée. »

« Bâtir une Afrique de l’ouest interconnectée »

Rose Pola Pricemou, ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique déclare que l’inauguration marque une étape majeure dans le renforcement de l’intégration numérique et surtout des infrastructures de connectivité entre les pays. « Ce siège que nous inaugurons est le symbole d’une volonté commune de bâtir une Afrique de l’Ouest interconnectée, compétitive, résiliente et souveraine sur le plan numérique. » Elle ajoute que la Guinée réaffirme son engagement à jouer un rôle moteur dans la transformation digitale du continent et à faire du numérique un levier de croissance, d’emploi et de cohésion.

Pour la ministre, en accueillant le siège de Roa-BN, la Guinée offre un cadre propice au travail collaboratif à la coordination régionale et à la gouvernance partagée des infrastructures numériques. Pour Rose Pola Pricemou, l’Afrique de l’Ouest ne doit pas être seulement consommatrice de technologie, elle doit en être créatrice et actrice. Ce faisant, la ministre invite les Africains à mutualiser les efforts, à former les jeunes, les accompagner pour « le développement d’un marché numérique régional inclusif et sécurisé. » Elle a lancé un appel à tous les États membres, partenaires techniques et financiers, aux opérateurs et acteurs privés, « afin qu’ils soutiennent activement le projet du Rao-BN. »

La cérémonie s’est achevée par la montée des drapeaux des six pays membres, à travers leurs représentants et par une visite guidée du siège.

Souleymane Bah