Au lendemain de sa réélection en 2015, le Président Alpha Condé a lancé les travaux de construction du barrage de Souapiti. Un barrage d’une puissance estimée à 500 mégawatts, situé à quelques kilomètres de celui de Kaléta. Sa construction nécessitait le déplacement des populations de plusieurs localités. Mais leur réinstallation pose problème. Plusieurs d’entre eux trouvent que les localités dans lesquels ils ont été établis n’ont rien à voir avec leurs anciens villages. Ils pestent depuis des mois contre des bâtiments ‘’mal construits, des terres non cultivables, des villages très éloignés des villes de Kindia, de Télimélé ou encore de Dubréka’’. Les responsables du projet Souapiti n’auraient rien voulu entendre. Les populations déplacées ont alors décidé de passer à la vitesse supérieure. Le Samedi 8 août, une équipe du projet Souapiti a été prise en otage à Konkouré et Kinfaya. Cette équipe jure qu’elle était dans ces localités pour une histoire de sensibilisation. Mais Me Oumar Aïssata Camara, porte-parole du collectif des sinistrés de Souapiti explique qu’elle a plutôt envenimé les choses : « La population de Konkouré a été réinstallée en août 2019 à 40 kilomètres de là où elle était. Elle n’a plus accès aux champs cultivables, aucune condition de vie n’a été créée. La situation est la même pour tous les villages concernés. Nous avons protesté. Ce que les responsables du projet font, c’est d’aller dire qu’ils ont réglé tous les problèmes. Vexée, la population a décidé de retourner là où elle était. Ceux qui ne sont pas réinstallés ont décidé de ne pas bouger. Une équipe de Souapiti s’y est rendue le samedi, elle se permet de qualifier la population de Konkouré qui était déjà affamée, de rebelle. Ils ont demandé à la préfecture de Télimélé de dépêcher des gendarmes. Cela a irrité les sinistrés. Ils ont pris l’équipe en otage. Nous leur avons demandé de les libérer parce que ça n’en valait pas la peine. Nous avons réussi à les faire libérer ».
Les otages ont finalement été libérés dans la journée d’hier dimanche. Paul Guilavogui, un de ceux qui ont été arrêtés temporise : « Ils ont des réclamations par rapport aux structures annexes, aux bâtiments manquants, au bétail, aux bergeries, aux champs… ce sont des réclamations normales qu’ils font. Je pense que le message est compris. Mais le contexte géographique est tel que les choses se font par étapes. Les structures annexes dont ils réclament les indemnisations, le processus de paiement a déjà été déclenché, nous travaillons sur le rétablissement des moyens de subsistance. Mais c’est un travail qui se fait sur une période de près de dix ans ». Il annonce une rencontre, à Conakry, entre les responsables du projet et les sinistrés de Souapiti : « Ces communautés et leurs représentants sont aujourd’hui à Conakry, ils vont étaler leurs réclamations devant nos supérieurs et nous allons discuter sans tabou. Mais il ne faut pas qu’ils continuent à agresser nos équipes, sinon les gens vont être réticents ».
Yacine Diallo