Le 30 juillet, le gouvernement a tenu un conseil des ministres sous l’œil critique du Prési Alpha Grimpeur qui a réitéré sa fatwa au ministre des Télécoms, d’auditer les télécomplications, pour optimiser les revenus de l’Etat. Et aussi d’accélérer le processus de relance de l’entité juridique qui doit reprendre les actifs de la SOTEL-Guigne, d’initier les opérations de remise en état du réseau de téléphonie fixe en Guinée.
Au ministre des Transports, Zagamor (ou vif) Sylla, le Grimpeur a demandé de diligenter la mise en œuvre du projet de réalisation de la ligne de chemin de fer Conakry-Kouriah (65 km) qui fait actuellement l’objet de négociations et qui constitue la première phase de reconstruction de la défunte voie ferrée Conakry-Niger.
Autre cauchemar du locataire de Sékoutouréyah, la saignée financière de l’Etat dans la location des bâtiments privés pour abriter des ministères ou des services de l’Etat. Il a demandé aux concernés d’y mettre un terme, dans les meilleurs délais : «L’Etat guinéen dépense près de 170 milliards GNF par an en charges locatives qui auraient pu être investis pour la construction d’édifices publics ou pour l’acquisition, sous des formes diverses, de bâtiments existants». Il a insisté sur la nécessité de démarrer l’opération d’aménagement du Centre directionnel de Koloma qui doit abriter l’essentiel des départements ministériels.
Le Prési de la République a également réitéré son appel au respect des gestes barrières et des autres mesures de prévention dans la lutte contre la Covid-19. Il a informé le Conseil de la multiplication des points de prélèvement et de dépistage, la distribution gratuite de quatre millions de masque, de l’édition de certificats de négativité non falsifiables. Puis a déploré le refus d’utilisation ou port fantaisiste de masques par de nombreux citoyens, l’ouverture clandestine de bars, restaurants et autres lieux de réjouissance publics et de l’indiscipline de malades qui s’obstinent à se soustraire du protocole de l’ANSS.
A la suite du Président, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Bourema Condé a soumis au conseil un projet de décret portant création et fonctionnement de l’Agence de Financement des Communes de Conakry (AFICCON) qui devrait apporter des solutions à la problématique de la mobilisation des ressources financières locales pour la réalisation d’investissements de proximité. Elle sera dotée d’un budget de 10% sur les recettes provenant de la fiscalité douanière, du Port Autonome de Conakry, de l’aéroport de Conakry, des licences de pêche industrielle, de la contribution foncière unique. Aussi des taxes parafiscales issues des vignettes, cigarettes, boissons, sacs plastiques, immatriculation de véhicule, amendes de stationnement, écotaxes, dons et legs etc. Bourema Condé a aussi fait cas de l’opérationnalisation de l’ANAFIC (Agence Nationale de Financement des Collectivités), chargée de gérer le FNDL (Fonds National de Développement Local) en lieu et place du PACV (Programme d’Appui aux Communautés Villageoises). L’avantage de l’ANAFIC, dit-il, réside dans son intervention dans les 33 préfectures et 304 sous-préfectures, alors que le PACV ne couvrait que les zones rurales.
Backbone juteux
Le Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique, Said Oumar Koulibaly a présenté l’état d’avancement du lancement du Backbone national, un réseau de grande distance composé de fibre optique déployé sur près de 4 500 km sur toute l’étendue du territoire avec 62 sites permettant la transmission de données numériques. «Il est structuré en deux grandes boucles de protection d’une capacité de 50 Gigabits chacun, permettant de garantir, par la technologie de la redondance, les services au client même en cas de coupure en une zone particulière». La Société de Gestion et d’exploitation du Backbone National (SOGEB) est une société anonyme, dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie financière et de gestion. Elle a pour missions de mettre à la disposition de tous les opérateurs de réseaux (fixe, mobile, fournisseurs d’accès internet) et de tout autre utilisateur des services de télécommunication, une infrastructure mutualisée pour le transport de la voix, des données et de la vidéo, accessible sur toute l’étendue du territoire national ; prendre en charge tous les actifs de l’Etat dans les infrastructures du Backbone; créer une infrastructure économique et d’intégration régionale. «La SOGEB pourrait engranger dès les dix premières années d’exploitation environ 2 009 861 280 000 GNF (deux mille neuf milliards huit cent soixante un millions deux cent quatre-vingt mille GNF) soit 16 674 884 400 (seize milliards six cent soixante-quatorze millions huit cent quatre-vingt-quatre mille quatre cent GNF) par mois, selon les études ». Même que pendant la 2è année d’exploitation, les recettes du Backbone National de Guinée pourront tripler compte tenu de la forte demande des différents opérateurs de téléphones mobiles et des autres fournisseurs d’accès internet. Le Conseil a déploré le retard qu’accuse le démarrage de ce projet juteux, alors que l’Etat a dépensé près de 250 millions de dollars pour sa réalisation. Le Conseil a recommandé au ministre Koulibaly de dissocier la libération du capital de la SOGEB des investissements.
Oumar Tély Diallo