Le FNDC annonce la reprise de ses manifestations à partir du 29 septembre. A la réunion, Sidya Touré, Etienne Soropogui, Jacques Bonimy, Bah Oury, Aliou Bah… La question est de savoir si les « déserteurs » vont participer à ces séries de marches, d’autant plus qu’ils n’étaient pas présents et ne se sont pas fait représenter. Ni ce 16 septembre ni lors de la précédente réunion. La Petite Cellule avait tout de même prévenu qu’il n’exclut pas la rue et que si le FNDC annonce des actions, il participerait.. Oussou le Kabako, Abdoul Kabélél-bélé, eux, n’ont rien dit. Tour à tour, les leaders présents à la rencontre du FNDC se sont exprimés sur la nécessité de se mobiliser contre le régime dans le but d’arracher l’alternance.

Sidya Touré : Je crois que tous les acteurs de l’opposition partagent le même point de vue. Ce qui diverge, ce sont les stratégies. Il y en a qui ont choisi d’autres formes de lutte, mais la lutte est la même, l’objectif est le départ de ce régime et le refus d’une présidence à vie. Si vous épuisez les raisons juridique, politiques de la lutte, vous n’avez qu’à regarder votre pays, les routes, la fourniture d’eau et d’électricité, les marchés, la vie des Guinéens au quotidien. Vous comprendrez que ce régime ne nous a strictement rien apporté, cela a été une destruction totale de nos conditions de vie. Ce qui se passe à Kankan, deux morts pour des questions d’électricité, à Macenta, à Boké, c’est la même chose partout. En 10 ans, nous avons perdu ce que le gouvernement Conté nous avait laissé. Après, il va s’attaquer aux coordinations régionales, pour faire quoi ? Faire en sorte que les Guinéens s’entrent-tuent, Alpha gouverne pour lui-même, je l’ai dit aux responsables du RPG, nous n’accepterons pas, ce combat continuera sous toutes les formes. Amoulanfé !

Bah Oury : Alpha Condé dit que les gens manifestent contre sa personne, je lui rappelle que nous étions ensemble pour nous opposer à la dictature du PUP, on se battait pour une conférence nationale souveraine, pour une gestion consensuelle, des institutions crédibles. Le 28 septembre 2009, j’étais avec certains de ses lieutenants, nous sommes contre une présidence à vie. Notre histoire a montré qu’un président au pouvoir dans la durée ramène le pays en retard. Depuis 1984, il a été dit de limiter les mandats, nous n’avons pas pu le concrétiser. Alpha Condé a une large responsabilité du fait qu’on n’a pas réussi, contrairement au Ghana et d’autres pays. C’est lui qui est de l’autre côté de la barrière, c’est lui qui utilise ce qu’il avait dénoncé hier. La Guinée a accumulé des crises, après le 18 octobre, quelle que soit l’issue de ce qu’il y aura, la Guinée explosera dans un cocktail de crise qui fera que la gouvernance sera chahutée, instable. Soit elle change radicalement, soit elle plonge la Guinée dans l’instabilité.

Aliou Bah : Le RPG n’existe pas, il y a une administration corrompue, un petit cercle de profiteurs qui utilisent les médias d’Etat comme si nous étions dans un système de parti unique pour faire croire que Alpha Condé rassemble les Guinéens autour de lui, c’est un mensonge. Ceux-ci ne sont pas préoccupés par l’avenir de la Guinée, ils sont préoccupés par leur propre sort. Comment quelqu’un de conscient, d’ambitieux peut-il penser qu’un vieillard de 82 ans hors taxe peut représenter l’avenir d’un pays ? Nous ne l’accepterons pas. Si au RPG, ils n’ont pas de remplaçants à Alpha, ce qui est honteux, nous sommes plus de 12 millions de Guinéens, nous avons des milliers et des milliers de personnes qui peuvent gouverneur ce pays, l’alternance doit se faire quel que soit le prix à payer. Nous avons connu la dictature de par le passé, l’avenir des Guinéens, c’est en Guinée. Nos compatriotes de la diaspora ont des projets, des compétences, ils ont envie de rentrer, mais ce pays est devenu invivable. Nous sommes devenus des immigrés chez les autres. Étant donné que notre pays a toutes les ressources, il faut que nous vivions chez nous, et cela demande de la mobilisation citoyenne, on est citoyen avant d’être ouvrier, magistrat, militant politique, donc c’est un appel à toute la Guinée que nous lançons pour qu’à partir du 29 septembre, les manifestations se poursuivent jusqu’au départ du dictateur.

Jacques Bonimy : Ce combat est un combat de tous les Guinéens, plus d’un an que nous manifestons pour faire partir ce régime, certains pensent que nous avons échoué, mais le combat continue jusqu’à l’aboutissement de l’objectif final. Le transport est exorbitant, le gouvernement prolonge le délai de la pandémie, parce que c’est devenu une pandémie politique. Corona existe, mais le gouvernement s’en sert parce que pendant qu’il interdit aux autres de manifester, on voit dans les rues, au Palais du peuple, le RPG bat campagne avant que la campagne ne soit fixée. Nous devons libérer ce pays.

Etienne Soropogui : La vocation du FNDC est de fédérer les énergies autour de notre souffrance, en moins de 10 ans, Alpha Condé a mis ce pays en lambeau. On instrumentalise la souffrance des Guinéens, on prend la Covid-19 pour en faire une marchandise politique. Face à un dictateur de cette nature, vous avez un seul choix, se mettre ensemble pour le chasser de votre pays. Nous allons continuer le combat. Ceux qui sont allés à l’élection, c’est leur forme de lutte; l’objectif, c’est d’obtenir l’alternance.

Malal Diallo OGDH : Nous souffrons de violations des droits de l’homme, des centaines des morts, des blessés, des gens à qui on a retiré les biens, des violations graves des droits de l’homme dans un Etat qui se targue d’être de droit. Nous demandons à tous les Guinées, toutes les victimes, les parents de ceux qui sont illégalement en prison, de se lever le 29 septembre pour nous débarrasser de ce régime.

Propos recueillis par
Oumar Tély Diallo