Au nom de la lutte contre la pandémie du Covid-19 en Guinée, l’Alphagouvernance a imposé de nombreuses mesures de restrictions. L’état d’urgence sanitaire décrété au mois de mars dernier a réduit de six à trois le nombre de passagers dans les taxis. « Le prix du tronçon » est passé du simple au double ; de 1 500, il est monté du coup à 3 000 francs guinéens. On attend toujours les vraies mesures d’accompagnement. Le carburant, lui, a juré de ne pas bouger. Aussi, dans la matinée du 21 septembre, les étudiants de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry ont-ils manifesté contre la cherté du prix du transport qui les épuise économiquement depuis près de sept mois. Ils ont défilé dans l’enceinte de l’université, munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «1 500 c’est bon, nous n’avons pas de tuteurs ! » «Le transport est trop, ayez pitié de nous !» ou encore « Diminuez le transport !»
«Nous constatons que le Président Alpha Condé est indifférent par rapport au coût du transport. Le coût des tronçons est doublé. Et quand nous prenons le cas des étudiants, la plupart parmi nous vivent ici sans tuteurs, dans des conditions très précaires. Certains viennent de Dubréka, d’autres, de Coyah pour étudier. Donc, ce n’est pas facile quand on sait que nous sommes en cours d’évaluation. On ne peut pas du tout s’absenter au risque de nous retrouver dans des problèmes. Que les autorités nous aident vraiment», supplie Jacqueline Kourouma, porte-parole du mouvement. Les autorités de l’UGANC ont fini par convaincre certains protestataires de rejoindre les amphis. Selon nos informations, les plus audacieux ont tenté l’aventure de Kaloum, mais ils ont été stoppés net à Donka par les agents de sécurité et certains grognards auraient été interpellés.
A l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, la colère était également au rendez-vous. Là, ils ont érigé des barricades à l’entrée principale de l’université, bloquant ainsi la circulation. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogènes. Elles ont aussi procédé à des arrestations parmi les étudiants qui exigeaient simplement la baisse du coût du transport.
Pour compléter le décor de ce 21 septembre, les habitants du quartier de Coronthie, à l’entrée de la commune de Kaloum, se sont réveillés les pieds dans l’eau. Ils ont bloqué la circulation routière. Il semble qu’à la colère consécutive à l’envahissement de leur quartier par les eaux de ruissellement est venu s’ajouter le désagrément causé par la casse des taudis autour du Petit Bateau d’où plus d’un Coronthica tirait sa pitance quotidienne. Pour une journée de campagne électorale, on peut difficilement trouver mieux.
Yaya Doumbouya