Umaro Sissoco Embaló, le prési Bissau-guinéen fait parler de lui, suite à une interview qu’il vient d’accorder à l’hebdo Jeune Afrique. Dans le bavardage publié par le con(.)frère le 22 septembre, le président Embaló a expliqué sa  gestion de la pandémie de Covid-19 qu’il dit être «maitrisée» aujourd’hui dans son pays. Il a aussi réaffirmé son opposition au 3è mandat, estimant que «l’Afrique ne devrait plus avoir affaire» à des Mugabête.

Pour la gestion de la pandémie Covid-19, Umaro Sissoco Embaló a dû prendre le taureau par les cornes. Il a imposé des morsures douloureuses, «lorsque le premier cas a été détecté » en Guinée-Bissau contre « la population ne croyait pas au virus». Et ça a l’air d’avoir payé. «Nous avons déployé l’armée pour faire respecter le confinement et, aujourd’hui encore, nous obligeons la population à porter le masque – c’est devenu une habitude, même au village, où ceux qui n’en ont pas se couvrent la bouche avec un pagne. J’ai également créé un Haut-commissariat de lutte contre le Covid-19 et fait venir des médecins et des infirmiers cubains qui ont formé nos personnels de santé sur tout le territoire. Aujourd’hui, la situation est maîtrisée (…) », a-t-il affirmé.

Qu’en est-il chez soin voisin de Conakry ? Il y a Guinée et Guinée. Son homologue Alpha Grimpeur a fait du coronavirus une aubaine, pour dérouler son funeste calendrier du 3è mandat. On le sait. Le Grimpeur s’est taillé une Constitution sur mesure et s’est offert une Assemblée nationale quasiment monocolore le 22 mars dernier. Le populo de Coyah qui «ne croyait pas au virus» a manifesté le 12 mai dernier. Il l’a appris à ses dépens. Exaspéré contre l’érection des barrages d’arnaque à laquelle se livrait la flicaille contre les prétendus insoumis au port du masque, les manifestants de Manéya (Coyah) ont été réprimés dans le sang, en lieu et place d’une sensibilisation. On a déploré pas moins de 5 morts et une vingtaine de blessés. Les défenseurs des droits humains s’en sont émus, le Grimpeur s’en balança et les auteurs de ces meurtres courent encore.

Du 3è mandat

Le con(.)frère demande au fraîchement élu président de la Guinée-Bissau pourquoi a-t-il assimilé «les troisièmes mandats à des coups d’État», le 20 août dernier lors d’une réunion avec ses pairs de la Cedeao. Avec son franc-parler, le président Embaló ne s’est pas emballé à demi-mot pour répondre : «Parce qu’aucun président ne doit se penser irremplaçable, même si cela me fait de la peine de voir [le président nigérien] Mahamadou Issoufou bientôt quitter le pouvoir. J’ai beaucoup d’estime pour lui. C’est un homme qui me sert d’exemple, surtout depuis qu’il a eu cette phrase pour justifier son renoncement à se représenter: «Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? » En disant cela, vous saviez très bien qu’Alpha Condé et Alassane Ouattara allaient le prendre comme une attaque personnelle… hasarde Jeune Afrique. Umaro Sissoco Embaló, fidèle à lui-même, réplique : «Non, je ne le crois pas. Et ce n’était pas le but. Ce sont mes homologues et j’ai beaucoup de respect pour eux. Mais je pense que nous devons respecter la Constitution. Et aussi qu’au-delà d’un certain âge, par exemple 80 ans, il est compliqué d’exercer le pouvoir.

L’Afrique ne devrait plus avoir affaire à des Mugabe. En France, le président est jeune, c’est aussi le cas des Premiers ministres espagnols, italiens ou autrichiens… Alors pourquoi pas en Afrique ?» A près de 48 ans, lui, Embaló est catégorique, il ne fera pas de 3è mandat. «Notre Constitution en autorise deux. Je n’en ferai pas de troisième, je ne suis pas dans cette dynamique. D’ici peu, j’aurai 48 ans, et si Dieu le veut, je quitterai le pouvoir à 57 ans» a-t-il affirmé. On est tenté de le croire sur parole, pour le moment, et on croise les doigts. Ses homologues ADO…au mur du 3è mandat en Côte d’Ivoire et Alpha qui veut grimper sur le 3è mandat devraient pâlir de jalousie.

Mamadou Siré Diallo