Ils étaient autrefois considérés comme des porteurs de flambeaux dans la lutte pour l’instauration de la Démocratie dans leurs pays respectifs et dans les pays voisins : la Côte d’Ivoire et la République de Guinée. On les considérait comme des vrais défenseurs des Droits Humains – des hommes convaincus et guidés par un principe juste et immuable, disposés à renoncer à leur liberté, à leur vie pour faire face à ces dictatures, ces pouvoirs autoritaires et impitoyables qui ont plongé la Côte d’Ivoire et la Guinée dans la misère et l’obscurantisme pendant des décennies.
En octobre 2010, tous les deux, Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire ont été élus, chacun comme Président de son pays. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, il a fallu une guerre civile qui a laissé un bilan macabre d’environ 3000 âmes tuées, dont un de mes cousins qui aurait été abattu dans un marché, quelques jours avant la date historique du 11 avril 2011 : date qui marqua l’arrestation de Laurent Gbagbo.
Pour le cas de la Guinée, le pays n’a pas sombré dans la violence post-électorale à la dimension de celle de la Côte d’Ivoire. Dans la capitale guinéenne, quelqu’un avait eu l’intelligence d’épargner la Guinée et son peuple martyr d’une guerre civile. Le candidat qui avait sécurisé 44% des voix au premier tour des élections a vu sa victoire s’étriper de ses doigts comme du sable fin, à la faveur d’Alpha Condé qui n’avait eu qu’un piètre résultat de 18%.
Entre les deux tours des élections présidentielles, il s’est écoulé quatre mois au cours desquels il y a eu assez de violences inter-communautaires et de frustrations des injustices. Le candidat malheureux, Cellou Dalein Diallo, avait laissé glisser ces quelques mots qui ont sauvé la Guinée : « Notre attachement à la Paix et à la Guinée Une et Indivisible nous commande d’étouffer notre frustration et nos souffrances pour rester calme et serein et d’éviter toute forme de violence ».
Pourtant, tous les ingrédients d’une guerre ethnique, civile, étaient réunis. Il est bien probable qu’Alpha Condé fut frustré par le minable score qu’il a eu au premier tour, et il estimait, peut-être, que le peuple ne l’a pas récompensé à la hauteur de son « laborieux » combat mené pendant 40 ans. Ce peuple doit payer cher car ni Sidya Touré (selon certaines langues, les résultats sortis des urnes auraient été modifiés pour permettre à Alpha Condé d’aller au deuxième tour au détriment de Sidya) encore moins Cellou Dalein Diallo n’ont consacré autant de temps et de sacrifice pour que la démocratie soit une réalité en Guinée. Malheureusement, à la lumière du constat qui se dégage, ce combat de 40 ans a été totalement perverti et dévoyé.
Abraham