Plus de 50 personnes ont été tuées en un an, en Guinée. La comptabilité macabre est sortie des calculettes de la très sérieuse organisation non gouvernementale, Amnesty International, qui n’a pas manqué non plus de mentionner de nombreux cas d’homicides et d’arrestations arbitraires, dont sont victimes les manifestants déterminés à défendre la constitution et l’Etat de droit. En Côte d’Ivoire voisine, le bilan n’est pas moins lugubre. Si l’on s’en tient aux propos de Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, dans une récente exclusivité accordée à nos confrères de France24, pas moins de 30 morts ont été enregistrés lors des dernières manifestations qui ont accueilli la décision anticonstitutionnelle du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, de prendre part à sa propre succession.
Combien de morts enregistreront encore la Côte d’Ivoire et la Guinée, pour que ADO, 78 ans, et son compère guinéen, Alpha Condé, 82 ans, prennent la jauge réelle du chaos dans lequel ils enfoncent leurs pays respectifs? A quel degré doit monter la surchauffe socio-politique, pour que les deux anciens opposants, devenus présidents de la république, par, ce qu’on peut qualifier aujourd’hui de mauvais tour de l’histoire, en viennent à se convaincre que le 3è mandat est toujours de trop, et n’a jamais porté bonheur à un pays, encore moins à ceux qui s’y frottent?
En tout cas, comme de l’eau versée sur le dos d’un canard, les récriminations, d’où qu’elles viennent, coulent sur le dos de ces deux hommes, qui ont vite oublié, que c’est le beau jeu de l’alternance démocratique qui leur a ouvert les portes dorées du palais présidentiel. La mémoire n’est visiblement plus leur fort, car, ADO et surtout Alpha Condé, se seraient souvenus de ce combat porté par toute l’Afrique, et même au-delà du continent, pour dénoncer l’ostracisme et les mauvais traitements qu’ils subissaient, juste parce qu’ils étaient des opposants ayant la légitime ambition d’accéder au pouvoir. Et comme s’ils se sont passé le mot, ils avaient tous, à un moment donné, affirmé haut et fort qu’ils ne toucheraient jamais à la Constitution pour briguer un 3è mandat. Aujourd’hui, non seulement ils ont procédé au charcutage de la Loi fondamentale, mais ils foncent droit vers le 3è mandat, et rien ne semble pouvoir les dissuader.
Pas même la vox populi qui, visiblement, ne les atteint pas dans leur tour d’ivoire renforcée par la forteresse imprenable érigée par les nombreux courtisans, zélateurs et surtout affairistes de tout acabit, obnubilés par la défense de leurs intérêts personnels et très égoïstes. Les mêmes qui retourneront très vite leurs vestes, comme savent si bien le faire les politiciens, lorsque la moindre bourrasque fait tanguer le navire. Si Alpha Condé et Alassane Ouattara pouvaient mesurer le recul qu’ils font faire à la Guinée et à la Côte d’Ivoire, sur le plan démocratique et surtout du retard qu’ils feront subir à leurs pays en matière de développement, ils écouteraient peut-être la bonne voix, celle de la raison. Mais, comme le dit l’adage bien africain, «lorsque l’âne veut te terrasser, tu ne vois plus ses oreilles». Ils sont, pour le moment, aveuglés par le 3è mandat de tous les dangers.
Il est encore temps pour Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé de sortir de cette voie sans issue qui fait d’eux, des prédateurs de la démocratie et des droits de l’homme. Et ils seront ceux par qui le malheur est arrivé en Côte d’Ivoire et en Guinée. Un petit report, dont le temps leur permettra d’instaurer un dialogue national inclusif, et de choisir des candidats à même de défendre, valablement et vaillamment, les couleurs de leurs partis politiques. Ce sera sans doute la meilleure option pour sauver la face et surtout préserver la paix et la stabilité dans leurs pays. Leurs peuples leur en seront reconnaissants, tout comme ils ne leur pardonneraient pas le drame qu’ils sont en train de construire dans leur entêtement à aller au 3è mandat. Comme s’il n’y a pas une autre vie après la présidence!
Wakat Séra