La répétition est pédagogique. Les religions notamment les plus largement répandues, telles que l’islam et le christianisme, y ont toujours eu recours, pour enseigner leurs préceptes et pérenniser leur pratique. L’efficacité didactique de la répétition est donc bien connue.

Depuis que Alpha Grimpeur s’est emparé du pouvoir et «a pris la Guinée où Sékou Touré l’a abandonnée, exsangue», il répète à souhait que ce sont d’anciens Premiers ministres  qui ont mis le pays à genoux. A travers des propos un tantinet sybilins, il porte de graves accusations de concussion à peine voilées contre ces anciens Premiers ministres dont il a régulièrement tu les noms. Mais l’omission ne trompe personne sur l’identité de ceux qui sont dans son viseur, voire son rétroviseur. Du Général Lansana Conté à lui Alpha Condé, on énumère pas moins de 10 PM. Sont-ils tous coupables des fautes dont parle le Professeur-Président, notamment durant la période électorale? Nombreuses sont les allusions qui aident à procéder par élimination pour ne retenir que les PM contre lesquels le Grimpeur a de solides griefs, des dents bien longues et acérées. La tâche n’est pas particulièrement harassante. Loin s’en faut. Elle est simple. Parmi tous les anciens Premiers ministres, seuls deux empêchent le Professeur-Président de tourner en rond, de mener la Guinée où il lui plaît. Et qui lui font ombrage lors des consultations électorales aussi bien au niveau local que national. Il s’agit de ses deux adversaires les plus coriaces, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo. L’un et l’autre ont été des Premiers ministres que le Général Lansana Conté n’a associés à la gestion du pouvoir qu’à partir de juillet 1996, après la grave crise de confiance qui a caractérisé les relations entre le Général et la Grande-Muette, en janvier-février de la même année. Le Sid ne restera aux affaires que 3 ans, en qualité de Premier ministre. La Petite Cellule Dalein Diallo y demeurera onze ans et occupera divers départements ministériels avant de devenir Premier ministre. Est-ce durant cette période que ces deux hommes ont mis le pays à genoux? Que leur reproche-t-on? On reste dubitatif, car les Guinéens qui n’ont certainement pas le quotient intellectuel de Toto et qui ne sont pas amnésiques se souviennent que c’est le Général Conté qui avait prié Sidya Touré, qui se la coulait paisiblement sur les berges de la Lagune Ebrié, de rentrer au bercail pour l’aider à redresser la situation socio-économique catastrophique qui avait provoqué la saute d’humeur de la Grande-Muette les 2 et 3 février 1996. Il avait innové la gestion administrative et économique. Il avait introduit des mesures d’amélioration jusque-là inconnues et inexploitées. Il était arrivé à des résultats relativement satisfaisants que seuls des gens de mauvaise foi n’ont pas remarqués. Sidya Touré avait confié à Cellou d’importantes charges ministérielles dont il s’était acquitté avec l’efficacité requise. Le pont sur la Fatala, les ponts sur le Niger à Kouroussa et à Djélibakoro, le pont sur le Tinkisso à l’entrée de Siguiri, le bitumage de la route Kouroussa-Kankan, etc. ont été réalisés pendant qu’il était ministre en charge des Travaux publics. Accuser régulièrement l’un et l’autre «d’avoir mis le pays à genoux», sans apporter la moindre preuve comptable, n’est qu’allégation de diversion. En 2010, entre les deux tours, l’opportunité avait été offerte au Grimpeur de confondre La Petite Cellule Dalein, de l’étriller et de le laisser pour mort politique. Il avait décliné l’invitation à débattre avec La Petite Cellule Dalein, son adversaire au second tour de l’élection présidentielle. Sans preuves matérielles pour les étayer, les propos du Professeur sonnent comme des balivernes. Un Président ne devrait donc pas dire ça.

Abraham Kayoko Doré