La démocratisation de notre pays poursuit son petit bonhomme de chemin. Avec des hauts et des bas. A la suite des sélections pestilentielles du 18 octobre dernier, qui annoncent ainsi le 3è mandat ou le premier mandat de la quatrième roue publique, la tension a atteint son paroxysme. Chauffés à blanc par des discours irresponsables, les extrémistes des partis politiques en lice s’en donnent à cœur joie dans des actes de violence aveugle. Cette culture de violence sans retenue, qui s’est progressivement instaurée à travers tout le pays, compromet sérieusement la cohésion nationale. Pour un rien, ou tout autre motif, l’on assiste à une flambée de violences avec des dégâts matériels importants et le plus souvent avec d’innocentes victimes. Ces excès de colère trouvent leur explication dans une accumulation de frustrations et d’un sentiment d’abandon de la part de leurs auteurs. Mais pour autant, ils ne sont guère à dédouaner. Aucun acte de vandalisme n’est à encourager, fut-il valablement justifié.
Démission de l’Etat
A la décharge des actuelles autorités, le pays vit actuellement la conséquence de plusieurs années de mauvaise gouvernance et d’impunité. L’Etat s’est progressivement disqualifié par des pratiques malsaines et incompatibles avec les normes de démocratie et de justice sociale. On a laissé faire au nom d’un inexplicable paternalisme qui ne dit pas son nom. Une situation qui nous rattrape aujourd’hui. Au regard des insoutenables scènes, conséquences du contexte délétère que nous avons vécues ces derniers jours, bien plus que des professions de foi, il est impérieux d’agir pour réduire progressivement la menace de déstabilisation du pays. Le mot n’est pas du tout trop fort. Il s’agit non pas de déstabilisation par le fait des citoyens, mais d’instabilité née par des luttes d’intérêt. La force d’un Etat est bien de pouvoir anticiper sur des événements prévisibles. La négligence ou l’indifférence face à ce qui se passe depuis quelques jours dans maints quartiers de la capitale, et dans certaines préfectures devrait interpeller au premier chef le goubernement. Comme dirait l’autre, c’est le calme qui précède la tempête. Lentement mais progressivement s’installent des réflexes pernicieux et dangereux. Tous les prétextes sont bons pour se livrer à la casse aveugle, à des actes de vandalisme à l’endroit d’innocents citoyens, et à des édifices publics.
Face à ce défoulement spontané ou organisé, faut-il laisser faire ou prendre le taureau par les cornes ? Pendant qu’il est encore temps avant que l’irréparable ne se produise, il faudrait sans plus tarder agir. Mais comment agir ? Agir de façon méthodique et organisée. En premier lieu, il faudrait restaurer l’autorité de l’Etat non pas en terme de répression ou de dictature, mais en terme de bonne gouvernance, du point de vue de l’efficacité des services publics. Le citoyen doit avoir confiance en l’Etat en termes de recours. Quelle que soit la situation qui prévaut, le citoyen doit être rassuré qu’en cas de recours, il trouvera une solution appropriée. Les administrateurs, les élus locaux et les agents de la fonction publique doivent cultiver les bonnes pratiques et être des modèles dans les actes qu’ils posent. A cet égard, la notion de service public devrait être de mise et sacrée !
Face à la détérioration du climat social et politique, des actions fortes sont à engager pour promouvoir la culture citoyenne. L’instruction civique devrait être de mise dans le cursus scolaire dès le secondaire. Bien plus que des discours d’apaisement ou des tournées de sensibilisation, il y a lieu de circonscrire le phénomène de la violence gratuite qui se propage un peu partout en Guinée. Autrement dit, une politique concertée impliquant tous les acteurs est à mener. La violence que l’on observe ces jours-ci a des racines profondes. Pour la combattre efficacement, il faut d’identifier ses causes profondes. Un exercice qui devrait revenir au futur goubernement.
Cheick Tidiane