Dans un communiqué rendu public le 3 décembre, Human Rights Watch (HRW) a invité le gouvernement ivoirien à « enquêter de toute urgence sur les meurtres de plus de 50 personnes lors des violences politiques et intercommunautaires » survenues à l’occasion de la sélection présidentielle dernière. Selon l’organisation de défense des droits humains, « les forces de sécurité n’ont pas protégé les civils de manière adéquate » et ont tué « au moins deux manifestants » lors de la dispersion de manifestations de l’opposition à Elibou (centre) le 9 novembre.
HRW s’inquiète également des procédures judiciaires visant une dizaine de responsables de l’opposition, dont certains, comme l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan sont toujours au gnouf.
La secrétaire d’État ivoirienne chargée des Droits de l’Homme Aimée Zebeyoux a, dans un courrier, rejeté ces accusation et estimé au contraire que les efforts du gouvernement pour sécuriser la sélection avaient « permis une bonne tenue du scrutin et de contenir la grande majorité des débordements ».
« Cibler les membres de l’opposition par le biais d’un processus judiciaire vicié n’apaisera pas les dangereuses tensions politiques et ethniques qui agitent la Côte d’Ivoire », estime Jim Wormington, chercheur de la division Afrique de HRW.
Les violences électorales liées à la présidentielle du 31 octobre ont fait au moins 85 morts (dont une cinquantaine le jour du scrutin et les jours suivants) et près de 500 blessés depuis août, dégénérant à plusieurs reprises en affrontements intercommunautaires, selon un bilan officiel.
Le président Alassane Ouattara a été réélu pour un troisième mandat jugé inconstitutionnel par l’opposition, qui a boycotté l’élection, incitant ses partisans à la « désobéissance civile », et proclamé un régime de « transition ». Le pouvoir a lancé des poursuites judiciaires contre ses responsables, les accusant de « sédition ».