La BAD, Banque Africaine de Développement, a publié son rapport 2021 sur les Perspectives économiques en Afrique, centrés sur la résolution de la dette, la gouvernance et la croissance. La BAD estime que la Guinée devrait s’en sortir.
Selon le rapport, le PIB de l’Afrique devrait augmenter de 3,4% en 2021, après une contraction de 2,1% en 2020 causée par la pandémie de Covid-19. Cette reprise marquera la fin de la pire récession enregistrée par le continent depuis plus d’un demi-siècle. «Elle sera soutenue par le rebond attendu du tourisme, une hausse des prix des matières premières et un assouplissement des restrictions induites par la pandémie. L’impact économique de la pandémie varie selon les pays. Les économies dépendantes du tourisme devraient se remettre du recul de 11,5% de leur PIB en 2020, pour connaître une croissance de 6,2% en 2021. La croissance des pays exportateurs de pétrole passerait de –1,5% à 3,1% ; celle des autres économies à forte intensité en ressources, de –4,7% à 3,1% ; et les pays à faible intensité en ressources, de –0,9% à 4,1%». Même qu’en 2021, les gouvernements africains auront besoin d’un financement brut supplémentaire d’environ 154 milliards de dollars pour répondre à la crise. En Guinée, le Prési Alpha Grimpeur a un plan pour se faire des sous. Il pense pouvoir doubler les recettes intérieures, en faisant pression sur les régies financières. Le ministère de l’Economie et des Finances a signé avec certains ministères et services de l’Etat des contrats dits de performance.
L’économie guinéenne a fait preuve de résilience face à la pandémie, estime la BAD. «Le PIB réel a augmenté de 5,2%, bien au-dessus du taux de 1,4% prévu au début de la pandémie. Cette performance est liée à la forte augmentation de l’activité minière de 18,4% en 2020, contre 8% en 2019 grâce à la hausse de la demande chinoise en bauxite et en aluminium. La Guinée est, depuis 2017, le principal fournisseur de la chaîne remplaçant ainsi l’Australie». Cependant, la pandémie, dit-elle, a affecté les secteurs non miniers, dont la croissance a diminué jusqu’à 2,5% en 2020 contre 5,1% en 2019 à en raison notamment des retards accusés par les grands projets, de la fermeture temporaire des frontières et des mesures prises pour contenir la Covid-19, qui ont perturbé les activités agricoles, manufacturières et le secteur des services. Ces perturbations, ajoute la BAD, ont également entraîné une hausse de l’inflation, de 10,4% en 2020, contre 9,5% en 2019. Afin de limiter l’impact inflationniste des capitaux et des biens de consommation importés, «la Banque centrale a réduit l’écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle. La baisse des recettes fiscales et l’augmentation des dépenses destinées à atténuer les effets de la pandémie combinées ont porté le déficit budgétaire à 3,1% du PIB en 2020 contre 0,5% en 2019, qui sera financé grâce à des avances de la Banque centrale et à l’émission de bons du Trésor. L’importation massive de biens d’équipement pour les grands projets et la réduction des exportations devraient faire passer le déficit courant à 13,3% en 2020 contre 11,7% en 2019. Il devrait être financé par des investissements étrangers directs dans le secteur minier».
Perspectives et risques
Le rapport table sur une croissance à moyen terme qui devrait atteindre 5,6% en 2021 et 5,1% en 2022, grâce à un important approvisionnement en énergie provenant du nouveau barrage de Souapiti (450 mégawatts), ainsi qu’à de nouveaux projets miniers et à la hausse des dépenses d’infrastructure. « Le déficit budgétaire devrait progressivement reculer pour se situer à 2,5% en 2021 et 2,3% en 2022, grâce à une rationalisation des dépenses publiques, à une réduction des subventions sur les tarifs de l’électricité, à une fiscalité améliorée et plus adaptée au secteur non minier, à un élargissement de l’assiette fiscale et à l’application stricte des dispositions fiscales du code minier ». Selon la BAD, la nouvelle production minière devrait accroître les exportations et, à partir de 2022, réduire le déficit du compte courant actuellement financé par les IDE, investissement direct étranger. Même que le niveau des réserves de change internationales devrait s’améliorer pour couvrir plus de 4 mois d’importations en 2021 et 2022 contre 3,8 mois en 2020. Sauf que le populo ne mange pas croissance et PIB. La réalité guinéenne est toute autre. Les denrées de grandes consommations ont flambé. Mais le Prési Alpha Grimpeur demande encore de serrer la ceinture. Les prix pourraient augmenter encore plus. En fait le gouvernement entend augmenter le prix du carburant à la pompe.
S’agissant de la dette guinéenne, elle est viable, avec un risque modéré de surendettement extérieur, estime le rapport. En 2019, l’encours total de la dette publique représentait 36,5% du PIB, dont environ 53% de dette intérieure. En 2020, l’encours pourrait atteindre 40,2% du PIB, dont environ 60% de dette extérieure. Ce niveau d’endettement « modéré » devrait permettre d’entreprendre de nouveaux emprunts concessionnels pour financer les dépenses prioritaires et les nouveaux investissements de la stratégie nationale de lutte contre la Covid-19. Les autorités devraient se concentrer à l’avenir sur une politique prudente d’emprunt extérieur, tout en renforçant l’efficacité et l’efficience des investissements publics, conseille la BAD. Après tout, ce sont des prévisions. Dans les jours à venir, on verra bien ce que va donner la théorie du Prési Alpha Grimpeur dans un pays où la corruption est systémique.
Oumar Tély Diallo