L’exploitation des enfants n’indigne apparemment que peu de personnes en Guinée. La vente à la sauvette, les enfants, sont nombreux à l’exercer à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays. Le 3 mai, près de Simbaya-Gare, dans la commune de Ratoma, Tély Oury Barry, âgé d’environ douze ans, a été victime d’un vol à la tire. L’enfant qui vendait des masques anti Covid-19, entassés nombreux dans ses mains, pleurait à chaudes larmes, de Simbaya-Gare à Cosa.

Il était habillé d’une tenue sale. Larmes et morve lui coulaient sur le visage. Il était inconsolable, malgré la sympathie des passants. «Ma mère va me tuer aujourd’hui ! Elle a compté les masques avant de me les donner pour la vente. Je ne peux pas rentrer à la maison sans cet argent», s’inquiète-t-il, en sanglots.

Tély Oury Barry habite Cosa, où il a l’habitude de vendre dans les bouchons, dans les marchés. Il «n’a pas été à l’école», raconte-t-il. L’enfant accuse une jeune fille de lui avoir volé 125 000 GNF, dans la circulation lorsqu’il lui a vendu un masque anti Covid-19, vers Simbaya-Gare.

«On se croise régulièrement dans les bouchons. La dernière fois, quelqu’un m’a hélé pour lui vendre un masque. Le petit s’est précipité pour me devancer, moi je l’ai excusé. Tellement qu’il est pressé, il a failli être renversé par un taxi. Je lui ai dit après de faire attention, sinon il va se faire tuer inutilement», raconte un jeune vendeur de masques anti-Covid-19, à l’abri bus de Cosa. 

Il y a quelques jours, une autre fille a été appréhendée par une nourrice en tentative de vol à Cosa. Elle a tenté de s’emparer de la bourse de la dame dans son sac lorsque cette dernière l’a surprise. «Elle a ouvert le sac et a pris la bourse de la nourrice. Mais lorsque celle-ci s’est retournée, la jeune fille a laissé retomber la bourse dans le sac. N’empêche, la nourrice lui a infligé une gifle. Après, elle a confié son enfant pour se jeter sur la jeune voleuse qui s’en est sortie avec un visage complètement tuméfié», raconte un jeune rabatteur. Selon lui, le vol opéré par les filles n’est pas un phénomène nouveau à Cosa. Que mêmes des femmes en niqab (complètement voilée) se livreraient à cet acte dans les environs.

A l’approche des fêtes, les cas de vols se multiplient à Conakry. Les voleurs, les bandits, les rabatteurs profitent de l’ambiance et de l’inattention des gens pour agir. Ils le font généralement dans les marchés, à l’arrêt de taxi et dans les bus.

Yaya Doumbouya