Annoncée en fanfare le 9 septembre 2020, la délivrance de la nouvelle carte d’identité nationale biométrique est pour le moment un fiasco.

Le 12 février dernier, j’ai  entamé la procédure, comme édictée par les autorités. Je suis allé à la mairie de Dixinn pour numériser ou biométriser mon extrait d’acte de naissance. Muni du reçu bancaire de 60 000 FG, d’une copie de mon extrait de naissance et de la photocopie de la carte d’identité nationale, j’ai été orienté vers une intermédiaire en vue des formalités. Et bonjour les dépenses extras. La nounou a réclamé 1 000 francs glissants pour le formulaire de demande d’inscription. Elle a rempli la fiche, en se référant à la copie de l’Extrait d’acte de naissance, me disant de vérifier la chose. Au bureau de l’officier d’état-civil, patron du service, on me demande de payer 5 000 FG pour la photo d’identité qui accompagne le formulaire. J’aboule, mais flasher, la photo se fait en groupe de quatre postulants. Mais que si je suis pressé, je donne 20 000 FG et on imprime ma photo. Vu que je ne voyais pas d’autres demandeurs, j’étais obligé de payer les 20 000 FG, ma photo est imprimée, l’agent en colla un exemplaire sur le formulaire, me restitue les trois autres. Je pensais être à la fin de mes peines, mais hélas ! L’agent me dit qu’il y a à rectifier, la date de naissance portée sur ma future ex-carte d’identité n’est pas celle sur mon Extrait d’acte de naissance. Je proteste, la date figurant sur l’Extrait prime, celle de la carte d’identité est le fait du Commissariat central, sans égards aux documents afférents. Rien à faire. Je paye 50 000 FG pour la rectification de l’erreur, à défaut, le serveur central rejette mon dossier. Je négocie à 30 000 FG, l’agent empoche l’argent, l’agent de l’enregistrement me délivre un accusé de réception. Dans une semaine, je téléphonerais pour récupérer mon Extrait. Au jour indiqué, j’appelle, on me dit que mon dossier n’est pas validé, se trouve au niveau du serveur central au ministère de l’administration du trottoir. Et le 29 février, on me remettra mon extrait d’acte de naissance numérisé, moyennant 10 000 francs gluants. Au total, j’aurai dépensé 60 000 FG, plus les frais officiels de numérisation de l’extrait, (51 000 FG), plus les frais de transport et appels téléphoniques durant 17 jours.

Le marathon pour la carte d’identité biométrique

Le 9 mars, muni de l’extrait d’acte de naissance biométrique, du certificat de résidence et du reçu bancaire de 100 000 FG, je suis au Commissariat central de Matoto pour ma carte d’identité biométrique. Je suis reçu par un certain Barry qui m’a dit d’aller chez un prestataire d’à côté pour faire une copie du formulaire de demande. Ainsi dit, ainsi fait contre 500 FG. Puis, il me demande de faire la photo. Le photographe me dit que c’est 5 000 FG, mais je dois attendre que trois autres personnes arrivent pour qu’il puisse imprimer ma photo. Sinon si je suis pressé de payer 20 000 FG, il va imprimer ma photo. Ce que je fais, je n’avais pas que ça à faire ce jour-là. Sieur Barry a collé ma photo sur le formulaire, puis me fait accompagner par une policière pour l’interview au bâtiment d’en face. La policière qui me reçoit et m’interroge sur combien de langues nationales je parle. J’ai répondu : trois. Elle a visé et cacheté, m’a dirigé vers une autre policière qui, m’a demandé dans ma langue maternelle, mon trou d’origine. J’ai répondu, elle a visé et cacheté. Finie l’interview, à la salle informatique pour l’enregistrement. Une policière a scanné mon formulaire de demande, la copie de mon extrait de naissance numérisé, le certificat de résidence et le reçu bancaire des 100 000 FG. A partir de son ordinateur, elle m’a rappelé mes données pour confirmation, puis elle m’a dirigé vers un autre agent qui a fait la prise de la photo et des empreintes digitales. Ce dernier a imprimé un accusé de réception, me l’a remis. Il a promis de m’appeler dès que la carte sera prête.

Voulant prendre aux maux le commissaire divisionnaire Mamadouba Paye Camara qui clame à longueur de journée que la carte est prête deux semaines après l’enregistrement. Deux semaines, aucun appel, je  me suis déplacé pour récupérer ma carte. J’ai présenté mon accusé de réception, l’agente m’a demandé si on m’appelé, non ! je lui ai répondu! Elle m’a dit que ma carte n’est pas prête, d’attendre qu’on m’appelle. Après plus d’un mois à attendre le fameux appel, je suis reparti en savoir plus sur la situation de mon dossier. L’agent a vérifié et m’a dit que ma carte a été imprimée et qu’elle devrait arriver dans le lot qui devait arriver prochainement, qu’ils vont m’appeler. Le 30 avril, j’ai reçu le fameux coup de fil, on m’invite  à passer lundi 3 mai, récupérer mon sésame. Je me suis pointé à 9h 30 mn, j’ai donné mon accusé de réception ou reçu, on m’a dit d’attendre, on va nous appeler par ordre d’arrivée. Mais l’ordre d’arrivée, mon œil ! Si tu veux ta carte, glisse quelques billets et tu as ta carte. J’ai casqué. A midi, j’ai récupéré ma carte, pestant contre ces agissements.

Le commis-serf divisionnaire Mamadouba Paye Cas-marrant, le 3 février dernier, trompétait: «Il n’y a pas de rabatteurs aux commissariats. Venez vous-mêmes chercher vos cartes d’identité nationale biométrique. Elle est disponible dans toutes 33 préfectures de la Guinée. Elle ne coûte que 100 000 fg seulement pour une validité de 5 ans. Contrairement à la délivrance de l’extrait d’acte de naissance qui ne prend pas de temps. Celle de la carte d’identité nationale biométrique prend au maximum deux semaines. Il n’y a que le data center qui imprime les cartes pour tous les Guinéens. Nous avons des machines capables d’imprimer 300 exemplaires par heure. Il y a cinq grandes imprimantes qui peuvent faire des milliers de cartes par jour. La police n’a pas d’excuse après un délai de deux semaines. En cas d’erreur sur l’identité d’un citoyen, la police ne pourra apporter aucune modification». Mamadouba Paye se paye vraiment notre tête. «Depuis deux semaines, sur instruction du Directeur général de la police, le contrôleur général de police Ansoumane Camara, on ne délivre plus l’ancienne carte d’identité nationale. Tout responsable de police, tout commissaire de police qui signe ce document s’expose à des sanctions». Le processus de la carte biométrique, c’est un marathon, des commissariats centraux du Grand Cona-cris continuent de délivrer au prix de la carte biométrique les anciennes cartes d’identité nationale.

Mais dans quel pays vit Mamadouba Paye ? «Au mois de mars, nous étions à 700 et quelques cartes, avril à plus de 1 200 cartes. Donc tous les mois qui passent le nombre augmente et aujourd’hui sur l’ensemble des commissariats centraux de la ville de Conakry, Kaloum, Matam, Gbéssia, Matoto, Sonfonia, Dabompa produisent la carte d’identité biométrique. C’est seulement les commissariats de Ratoma et Kaporo-rails qui restent parce que le commissariat est en construction qui n’ont pas commencé à produire les cartes. Mais Ratoma va commencer à partir de la semaine prochaine. Si vous passez à la police et vous êtes enrôlés, dans les deux semaines, vous pouvez récupérer votre carte d’identité nationale biométrique».

Abdoulaye S. Camara