Alors que l’exercice du journalisme est particulièrement difficile depuis le début de l’état de siège, début mai, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), plusieurs militaires ont agressé et cambriolé un journaliste résidant à Goma. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette attaque et appelle les autorités congolaises à ouvrir une enquête au plus vite afin d’identifier ses auteurs.
C’est en brisant une des fenêtres de sa maison à coups de marteaux que des militaires se sont introduits chez Daniel Michombero, journaliste freelance, dans la nuit du 22 au 23 juin, alors qu’il dormait. Selon le témoignage du journaliste joint par RSF, les sept hommes cagoulés et vêtus de l’uniforme des forces armées de RDC (FARDC) étaient munis d’armes blanches et d’une arme à feu. Ils ont menacé de mort le journaliste, brutalisé sa femme et vandalisé son domicile. Avant de prendre la fuite, les militaires ont emporté l’intégralité du matériel du reporter, dont un ordinateur, une caméra et plusieurs téléphones. Le journaliste a indiqué avoir porté plainte, bien qu’il n’ait pu relever l’identité précise de ses assaillants au moment de l’attaque.
Daniel Michombero, qui travaille régulièrement pour Africa News, VOA ou encore TV5 Monde, avait récemment réalisé plusieurs reportages concernant l’éruption du volcan Nyaragongo dans la région, qui avait forcé des centaines de milliers de personnes à évacuer la zone et engendré une série de crises humanitaire et politique dans la province du Nord-Kivu. Le journaliste remettait notamment en cause la gestion de ces événements par le gouvernement provincial, dirigé par les militaires depuis le début de l’état de siège le 6 mai.
«C’est la deuxième fois en un mois que des militaires s’attaquent à un journaliste dans les provinces qu’ils gouvernent en raison de l’état de siège, déplore le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Si le président Tshisekedi veut sincèrement s’attaquer à la ‘mafia’ et à la ’loi du silence’ qui minent l’armée congolaise, il est impératif que les militaires ne puissent plus s’attaquer délibérément et en toute impunité aux journalistes.»
Depuis le début de l’état de siège dans les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu, les exactions commises par les militaires envers les journalistes se multiplient. Il y a quelques semaines dans l’Ituri, un homme en tenue militaire a menacé de mort le directeur de la radio communautaire de Biakato, Parfait Katoto, pour avoir diffusé un reportage sur les exactions commises par des FARDC sur des civils. En mai dernier au Nord-Kivu, le général Aba Van Ang avait demandé à ses troupes de retrouver le journaliste Paluku Riky pour le «fouetter» et le «punir» après une publication sur sa page Facebook évoquant des tirs de militaires sur un civil dans la province.
La RDC occupe actuellement la 149e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.
Reporters Sans Frontières