Face à la montée en flèche du taux de contamination du Covid-19, le Prési Alpha Grimpeur a renforcé les morsures barrières et en a pris des nouvelles, le 10 août. Pour accéder aux départements ministériels, il exige des travailleurs et visiteurs le pass sanitaire ou la carte de vaccination au Covid-19. Le 13 août, nous avons fait un tour à Kaloum, centre administratif et des affaires. Au ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire, on n’exige que la carte de vaccination. Le port du masque, le lavage des mains, la prise de la température, sont ignorés. Les vigiles postés à l’entrée laissent passer amis et familiers, sans le contrôle de la moindre morsure. Eux-mêmes ne se privent pas de serrer la main des connaissances. Un deux poids deux morsures, car les autres visiteurs présentent obligatoirement leur carte de vaccination, portent le masque. Sory Cama-rant a été refoulé à l’entrée, car il n’avait pas sa carte de vaccination. « J’ai pris la première dose, il me reste la seconde dose. Je n’ai pas donc de carte de vaccination, mais dès que je serai vacciné à la seconde dose, je porterai ma carte partout où j’irai afin de ne pas être refoulé. Je suis habitué à venir voir mon ami ici, sans problème. C’est la première fois qu’on m’interdit l’accès, mais je n’ai pas insisté, parce que je sais que j’aurai ma carte pour éviter ce genre de difficulté », ajoute-t-il.
Au ministère de la Coopération et de l’Intégration africaine, l’affluence n’était pas au rendez-vous. Tout le monde passe sans aucun contrôle, à moins que vous vouliez présenter votre carte de vaccination au militaire posté à l’entrée du bâtiment. Quelques travailleurs se pavanent dans la cour, sans masque, sans carte de vaccination. Par contre, au département de la Fonction publique et du Travail, la carte de vaccination est exigée à l’entrée de la cour. Mais, familiers et gros bonnets sont exempts. Dans la cour et dans les couloirs, point de distanciation physique ou de port de masques. « Personne ne passe sans sa carte de vaccination. Tout le monde est obligé de respecter les mesures sanitaires, sinon tu n’auras pas ta place ici », tente de convaincre le vigile.
Au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, c’est à l’image d’une ruche. Aucune exigence, aucune mesure observée. Un vigile explique que ce « petit relâchement » s’explique par l’approche du week-end. « Nous sommes vendredis. Il y a moins de travailleurs et de visiteurs. Pendant les autres jours, les mesures sanitaires sont strictement respectées. On ne blague pas avec cela », lance-t-il, sous l’anonymat. Le gardien du département de la Justice et des Gardes Sceaux, Mohamed Bangoura, avance les mêmes arguments : « C’est le week-end qui s’annonce et les gens sont en congé, c’est pourquoi on relâche un peu. Sinon, toutes les mesures sanitaires sont de rigueur au ministère de la Justice. Le ministre descend régulièrement pour voir si les mesures sont observées ». Alors qu’à l’intérieur, rares sont ceux qui portent le masque. Et l’on exige à l’entrée ni la carte de vaccination, ni la prise de température. Le laisser-aller s’installe en lieu et place du respect des morsures. C’est le week-end !
« Toute personne, avant d’entrer dans le ministère, se lave les mains au chlore, à défaut, se désinfecte les mains avec le gel, présente sa carte de vaccination. Sinon, la personne n’aura pas l’accès », a déclaré Naby Bangoura, le vigile au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique qui vient de refouler un travailleur, faute de carte de vaccination. Au moins là, le respect des morsures barrières est de rigueur. Seul le lavage des mains fait défaut. Au même moment, Dr Sakoba Keita, le directeur général de l’ANSS, Agence nationale de la sécurité sanitaire, en conférence de stress, reconnaît que tous les travailleurs de son département tutelle ne sont pas vaccinés. « Le gouvernement a fait un exercice de simulation en imposant le pass vaccinal à tous les départements (…). Nous avons demandé au ministère de la Santé que l’accès de ceux qui ont pris leur première dose, soit accepté s’ils ont leur carnet (de vaccination). Parce que ce n’est pas de leur faute de ne pas avoir pris la 2ème dose. Car nous n’avons pas eu l’approvisionnement en temps. Il y aura cette dérogation jusqu’à ce que la deuxième dose arrive en Guinée », plaide-t-il.
Yaya Doumbouya