S’il y a un point qui fait l’objet de beaucoup de controverse aujourd’hui en Guinée, c’est bien celui portant sur l’accès à une connexion internet fiable et de qualité. Si aujourd’hui, la plupart des consommateurs expriment leur mécontentement vis-à-vis des opérateurs de téléphonie mobile, c’est en partie parce qu’ils n’arrivent pas à les satisfaire à plusieurs plans, notamment le mode de consommation des forfaits internet.
Si les opérateurs GSM ont permis la connexion mobile à travers les technologies 3G et depuis peu la 4G chez l’un d’entre eux, il reste encore du chemin à parcourir, car il faut être très riche pour espérer souscrire à un abonnement Internet mobile stable en Guinée (un minimum de 6 400 est requis pour une connexion journalière un peu fiable). De plus, les forfaits (communément appelés pass) mensuels qu’ils proposent n’atteignent point la fin du mois. Avec une population aussi pauvre (plus de 50% des guinéens vivent sous le seuil de la pauvreté monétaire), et des salaires aussi bas (une moyenne de GNF 2 000 000 pour un fonctionnaire de l’Etat), même en renonçant à certaines dépenses prioritaires, la majorité des fonctionnaires de l’Etat, ne peut se permettre d’acheter un pass Internet pour songer de naviguer.
En dépit de ce constat, l’Internet est encore un luxe pour une frange importante de la population. Un luxe totalement inconnu à certains endroits du pays où le mot cyber-café peut être pris pour un endroit où l’on prend du café. De plus, il existe une sorte de dualisme dans ce secteur car, dans certaines régions du pays, la connexion serait tellement lente que l’on pourrait patienter pendant plusieurs minutes avant de voir apparaître le résultat d’une recherche dans Google. Cet enclavement numérique du pays freine le développement du business autour de l’outil Internet et les opportunités qu’il peut offrir. Et pourtant, la fibre optique est présente en Guinée depuis une dizaine d’années, mais elle n’est pas encore en capacité de fournir une qualité satisfaisante d’Internet à haut débit jusqu’à l’intérieur du pays.
Comparativement à la situation de 2013-14, 1Go de connexion Internet valable 24 heures tournait en moyenne autour de GNF 5 400 chez l’opérateur le plus performant en Guinée, aujourd’hui avec GNF 14 000 l’on a droit qu’à 800 Mo valable 7 jours sans que cela ne soit effectif dans la réalité. Pour avoir 1.8 Go de connexion, l’on est obligé de dépenser de nos jours GNF plus de 31 000 alors qu’avant, 2Go ne coûtaient GNF 9 000 (soit moins d’un euro). Évaluez combien de fois l’accès à l’internet est devenu de plus en plus cher dans ce pays.
Cependant, l’analyse comparative avec d’autres pays de la sous-région notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire révèle que les tarifs appliqués en République de Guinée sont quasiment les mêmes que ces deux (2) pays de la sous-région où d’ailleurs deux (2) de nos principaux opérateurs téléphoniques sont représentés avec quelques différences près, en matière de capacité et montant qui s’expliquerait certainement par la dépréciation du GNF que nous avons ces dernières années, mais aussi et surtout la revue à la hausse de la taxe sur la téléphonie mobile.
Aussi, beaucoup d’utilisateurs ne se retrouvent pas avec le mode de consommation de la connexion Internet de la plupart des opérateurs GSM implantés en Guinée car, juste après avoir souscrit à un forfait Internet à validité quotidienne ou hebdomadaire, à peine vous l’avez utilisé qu’on vous envoie un message d’alerte vous invitant à souscrire à nouveau à un autre forfait, si vous souhaitez continuer à surfer sur Internet. La même chose est observée au niveau des forfaits mensuels qui ne durent au maximum que deux (2) semaines. Et, si par hasard, vous estimez que pour ne pas consommer rapidement votre forfait, la solution serait de vous déconnecter juste après s’être connecté, quelques minutes plus tard, on vous signale que votre forfait est épuisé, car étant basé sur le volume et non sur le délai indiqué comme le mentionne son intitulé. Ce n’est pas pour rien que de nos jours la plupart des guinéens qui ont les moyens s’offrent le luxe d’acheter en même temps 2 téléphones dont un ayant 2 puces à l’appui pour pouvoir jongler d’un opérateur à un autre avec l’espoir qu’ils trouveront satisfaction avec ce mécanisme.
Cette situation nous pousse à nous interroger sur la vraie capacité des forfaits internet qui sont proposés à des prix parfois exorbitants. Cela se ressent à travers les multiples échanges que l’on constate fréquemment surtout sur les réseaux sociaux où plusieurs jeunes brandissent en permanence des preuves indiscutables sur cette problématique.
Malgré les plaintes formulées par les consommateurs, ces opérateurs de téléphonie mobile ne daignent point répondre aux plaignants, encore moins satisfaire à leur demande ou améliorer la qualité de leur service. Bien des consommateurs se demandent, pourquoi un tel manque de considération vis-à-vis d’eux ?
Chers consommateurs, tenez-vous bien, les millions d’abonnés qu’on annonce en longueur de journée ne rapporteraient qu’en moyenne 25% au maximum du chiffre d’affaires de ces mastodontes de téléphonie mobile. Ce qui signifierait que les 75% proviendraient des grandes entreprises (Corporates) installées dans notre pays. Toutefois, nous suggérons en tant que citoyen, fidèle consommateur des produits téléphoniques et soucieux de l’avenir de ces institutions créatrices d’énormes emplois dans ce pays, que cette situation cesse.
Les Institutions en charge de la défense des consommateurs Guinéens devraient se saisir de toutes les violations et/ou tentatives de violation des droits des consommateurs et apporter des solutions aux problèmes, dont souffre ce peuple car, il est de loin, une priorité pour les gouvernants.
Safayiou Diallo,
Fidèle consommateur des produits de la téléphonie mobile