La structure « Rone Wear Fashion » organise une campagne de collecte de sang le dimanche 31 octobre au chapiteau du Palais du peuple. Le constat est parti d’un déficit de sang dans les hôpitaux du pays qui met quotidiennement en danger la vie de nombreux malades. Les campagnes régulières de collecte de sang n’ont pas encore résolu le problème.
Selon Aïssatou Diallo de ladite ONG, les réseaux sociaux sont inhérents à la vie, c’est pourquoi de manière directe ou indirecte, leur campagne passe par les réseaux sociaux. «Il y a une page qui est très fortement suivie qui s’appelle ‘’le consommateur Guinéen’’ qui a été initiée par dame Kaké. Sur cette page, chaque semaine, il y a une, voire deux publications de don de sang. Récemment, un enfant de 8 ans a fait un accident qui avait un groupe sanguin extrêmement rare : O négatif, et cela a été extrêmement difficile de lui trouver du sang. Et il en avait besoin de huit poches de sang, la mobilisation était telle qu’on est sorti de Facebook pour se retrouver un peu partout, pour trouver un donneur O négatif (…) Le second constat, part d’un parcours personnel. Je suis drépanocytaire de type SS et de 1996 à 2018, j’ai été régulièrement transfusée. Lorsqu’un drépanocytaire a un taux d’hémoglobine à 4, vous devez prendre jusqu’à trois poches de sang. Alors s’il n’y pas de poche de sang et qu’il n’y a pas de donneur, c’est la mort assurée. J’ai déjà été dans une situation en 2017, au Cameroun où j’étais en taux d’hémoglobine à 4 et les médecins ont clairement expliqué à ma famille que si on ne trouve pas de sang entre 22h et minuit, je n’allais pas m’en sortir. Et cela, ce sont des choses qui arrivent tout le temps».
Dame Diallo dit avoir échangé avec le dirlo du Centre national de transfusion sanguine. Elle lui a expliqué les choses telles qu’elles sont. «Je collecte du sang, donc je dois mieux comprendre. Malheureusement, Dr Haba m’a clairement dit qu’il n’y a pas assez de donneurs de sang, car les gens sont frileux à donner leur sang. On peut aller dans une école où il y a des centaines de milliers de personnes et en sortir avec seulement 200 donneurs. Et le besoin en sang, c’est de 500 poches par jour, ce qui fait 2 000 litres par jour. Les 200 poches ne couvrent pas un jour à Conakry. Et cette campagne a été lancée depuis une semaine, mais nous n’avons pas plus de 150 inscris aujourd’hui», fustige-t-elle.
Le fait de revendre les poches de sang aux patients n’explique pas le fait que les citoyens soient réticents à donner gratuitement leur sang ? Ne serait-il pas nécessaire de faire une campagne pour d’abord sensibiliser la population, pour revenir aux anciennes pratiques ? Dame Diallo répond : « Il y a plusieurs axes sur lesquels on doit mener des campagnes. Le premier, c’est de rappeler cette générosité que les populations guinéennes avaient dans les temps qui consistait à donner gratuitement son sang. Ensuite, lorsque vous parlez de vente de sang, en général, il faudrait avoir suffisamment d’éléments concrets, pour les soumettre aux autorités, pour pouvoir engager un changement. Parce que je pars du principe que même si de manière directe ou indirecte, nous avons été soumis à cela, nous n’avons peut-être pas les éléments tangibles pour soumettre aux autorités », explique Aïssatou Diallo.
S’agissant de la campagne prévue le 30 octobre, la nounou invite chacun à donner son sang, parce que selon elle, nous avons tous connu de manière directe ou indirecte, une personne qui a eu besoin du sang. L’objectif de cette journée, c’est d’avoir 500 poches de sang avant de les reverser au Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), parce que dit-elle, « aujourd’hui quoi qu’on dise, c’est l’organe habilité à non seulement sécuriser la collecte de sang, mais aussi à sécuriser le transfert et l’analyse liée autour du liquide». Une fois la présente campagne finie, dorénavant sera menée une campagne trimestrielle de don de sang.
Le transfert des poches de sang partira du Palais du peuple au Centre national de transfusion sanguine de Donka, pour analyse, en vue de savoir si le donneur se porte bien, il est le groupe sanguin ou encoure s’il n’a pas une maladie susceptible d’être transférée en injectant ce sang à une autre personne. Quant aux garanties offertes aux donneurs, c’est d’abord la garantie d’avoir un test de drépanocytose gratuitement, qui est offert par le Centre de drépanocytose. L’autre garantie c’est d’avoir aussi un test du VIH, également connaître son groupage sanguin et enfin, un repas offert après le don.
Kadiatou Diallo