Le 9 novembre, Dame Diaka Sidibé, ministresse de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a signé la décision n°2021/084/MESRSI/CAB/DRH. Elle supprime la formation payante dans les IES (Institutions d’Enseignement supérieur publiques), notamment au niveau de la licence. Avant la signature de l’arrêté, la décision verbale concernait l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia seulement. C’est quand on y a crié à la discrimination que l’acte signé le 9 novembre a mis toutes les IES publiques dans le même panier.

Les raisons (non mentionnées dans la décision) qui ont prévalu à la suppression des formations payantes sont la pléthore dans les salles, la volonté de nouvelles autorités de donner la chance aux universités privées de recevoir plus d’étudiants, ainsi que les conflits que générerait le partage des sous. Actuellement, la nouvelle fait grincer les dents à Sonfonia où autorités crient à une éventuelle asphyxie. Ils pensent déjà aux trous laissés par les subventions que comblaient les ressources générées par la formation payante : achat d’équipements et consommables, paiement des contractuels en cas de retard de la subvention, sont entre autres charges citées. Le reste, naturellement, allait dans les poches.

Une source anonyme nous a indiqué que « les universités publiques n’ont pas le droit de recevoir des étudiants qui paient leur formation. Ce sont des universités publiques, on ne peut pas faire du privé dans le public. Il a toujours été question de mettre fin à cette pratique, mais puisque les intérêts étaient partagés jusqu’à un certain niveau, on laissait faire. La décision a été soumise à la nouvelle ministre qui l’a signée aussitôt », a révélé la source. Avant d’ajouter que cette suppression ne concerne pas les étudiants étrangers.

Formation payante, comment ça marche ?

La formation payante était une source de revenus, un moyen de mobilisation des ressources internes, soutient-on. Etaient inscrits à cette formation des Guinéens et des étrangers. Parmi les guinéens, il y a des étudiants qui ne veulent pas aller dans les universités où ils sont orientés et des fonctionnaires qui se recyclent.

Pour ce qui est de Sonfonia, le montant généré est reparti entre le Rectorat qui bénéficie de 45% du montant total et la Faculté les 55%. A ce niveau, chaque département, en fonction de son effectif, perçoit 55% du montant reçu par la Faculté. Les 45% restent à la Faculté. Les frais de traitement de dossiers sont fixés à 100 000 francs glissants pour les nationaux, 150 000 francs glissants pour les étudiants étrangers. Les frais d’inscription sont à 250 000 pour les nationaux et 350 000 pour les étrangers. Ces montants étaient versés dans un compte à la Banque centrale contre un reçu.

Pour la scolarité annuelle, le montant est passé de 1 500 000 à 3 000 000 de francs glissants pour les nationaux et de 3 000 000 à 5 000 000 de francs glissants pour les étrangers.

A la fin de la Licence, l’obtention du diplôme est conditionnée au paiement de 100 000 francs glissants pour les nationaux et 150 000 francs glissants pour les étrangers.

Rappelons de la ministre Diaka Sidibé que la décision ne concerne pas les étudiants qui ont déjà commencé leur cycle. Nous avons tenté d’obtenir les effectifs, mais à cause de « l’indisponibilité de la personne habilitée », nous n’avons pu les avoir. Des tractations seraient en cours, pour amener les autorités à revenir sur la décision. Autorités et syndicats de l’Enseignement supérieur cherchent à rencontrer Dame Diaka, pour lui faire des propositions genre: « Maintenir la formation payante et se servir d’une partie pour construire des salles de classe et d’amphithéâtres. Cela permettra de lutter contre la pléthore », propose Abdoulaye Bodié Bah, le général de la section de l’Enseignement supérieur à UGLC.

Th Hassane Diallo