Le 17 novembre, c’est la Journée mondiale de la prématurité. Elle est célébrée depuis 13 ans, après de multiples campagnes d’activistes pour la santé de la mère et de l’enfant. Cette journée a sa raison d’être. Pour nombre de parents, l’enthousiasme d’accueillir un nouveau membre de la famille est souvent accompagné de craintes et de doutes quant à la bonne conduite de la grossesse. La peur d’accoucher avant l’heure hante les futures mamans. Un bébé né avant le terme coure les risques de développer des séquelles.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a environ 15 millions de naissances prématurées chaque année dans le monde. Un million d’enfants de moins de cinq ans meurent des suites directes de complications liées à la prématurité.

En Guinée, la prématurité est un sujet hautement problématique. Selon un document de l’Institut de Nutrition et de Sante de L’Enfant (INSE), consulté par notre rédaction, entre 2012 et 2018, le taux de mortalité néonatale est resté quasiment stagnant, passant de 33 à 32 décès pour 1 000 naissances, soit 125 décès néonataux et 125 mortinaissances par semaine. « Près d’un million d’enfants décèdent chaque année en raison de trois causes majeures liées aux complications de la prématurité, les décès néonataux Péri-partum dû à l’hypoxémie et les infections néonatales », peut-on lire dans le mémorandum adressé à la Direction Nationale de la Sante Familiale et de la Nutrition, du ministère de la Santé et de l’hygiène publique.

On a souvent recours à la néonatologie en Guinée, surtout à cause de la récurrence des décès dus à une prise en charge tardive et ou des mauvaises conditions de prise en charge. Ce service faisant le parent pauvre du système sanitaire du pays manque de tout ou presque. On parle de moins de dix couveuses pour tout le pays ! « Et cela, c’est parce qu’il y a de récents dons à l’INSE, alors que par jour, on reçoit en moyenne huit à dix nouveaux nés prématurés et qui ont besoin d’être placés dans des couveuses. Idéalement, c’est un enfant, une couveuse. Mais la réalité fait que nous sommes obligés de mettre jusqu’à trois bébés dans une couveuse. » Témoigne un médecin pédiatre en service à l’INSE. Il ajoute que la demande étant nettement supérieure à l’offre, il y a forcément crise. « Malheureusement, nous ne recevons que des cas compliqués et qui parle de complication, parle de décès. La mortalité infantile due à la prématurité représente la moitié des décès au service de néonatologie. Car plus l’âge gestationnel est bas, plus le risque de développer des complications est grand. »

Autre facteur à souligner, ce sont les conditions et capacités d’accueil dans l’enceinte de l’INSE. Si les bébés sont obligés de se serrer dans les couveuses, les mamans et autres accompagnants se contentent d’un campement de fortune (un hangar installé dans un coin de la cour de l’hôpital) à la merci des moustiques et autres intempéries.

Pour rappel, la prématurité est une naissance qui a lieu avant le terme de la grossesse qui correspond à 41 semaines d’aménorrhée, soit neuf mois et demie, à compter de la date des dernières règles. Un enfant est considéré comme prématuré s’il nait avant 37 semaines d’aménorrhée, soit à 8 mois et demie de grossesse.

Asmaou Barry