Par Thierno Ibrahima Barry Américain
Il y a 2 catégories de gens au monde : les amateurs de foot et les autres… Je parie que 90% d’entre vous sont des amateurs et s’intéressent à la CAN qui se déroule depuis le 9 janvier au Cameroun. Des sociologues et philosophes mise-foot en mal de sensationnel ont pondu des bouquins qui n’ont pas convaincu grand monde comme : Le football, une peste émotionnelle ; La planète des singes ; ou La barbarie des stades, etc. Le foot reste un phénomène planétaire et le roi des sports.
Ma première CAN
Tournoi au stade du 28 Septembre de Conakry entre le Cameroun, le Mali, la Sierra Leone et la Guinée : MINI CAN par le nombre de participants, MEGA CAN par le niveau du jeu, la présence de joueurs consacrés «légendes» du football africain, l’ambiance dans le stade. Premier match : Mali-Cameroun. Coup d’envoi, du rond central un certain Samuel Mbappé Leppé un tir sans élan trompe le portier Malien. Génial, inouï ! Réplique malienne immédiate sous la houlette d’un certain Salif Keita Domingo dont les dribbles, déplacements et sens du but reste font le footballeur le plus doué que l’Afrique ait connu. Match suivant : la Guinée entre en lice avec le virevoltant Ibrahima Kandja Diallo surnommé «Monsieur But»; la bête noire des défenses adverses. Le Cameroun doit beaucoup aux Samuels, après le géant Samuel Mbappé Leppé, Samuel Et’oo Fils qui, par son talent footballistique, a fait la fierté du Cameroun et de l’Afrique. Au Mali, il y a Salif Kéita Domingo le footballeur et Salif Keita le géant de la musique. Et le Salif Keita politique?
CAN Cameroun 2021
Jusqu’à la veille de l’ouverture de cette CAN, nous avons eu des frayeurs. Faut-il reporter ou annuler la compétition continentale ? Ce qui aurait constitué une humiliation pour le Cameroun et pour l’Afrique qui essuie une tonne de préjugés et clichés négatifs.
Le Cameroun et l’Afrique doivent retenir la leçon. Les pays commis à cet événement d’envergure et d’importance doivent mettre plus de rigueur dans l’exécution des travaux d’infrastructures et être fin prêts le jour J.
En Guinée, rendez-vous en 2025 pour la CAN ! Une grande première pour ce type d’événements. L’occasion de communion pour les Guinéens. L’occasion de vibrer pour les Guinéens réconciliés ayant foi en leur destin et fiers de leur Nation retrouvée. L’occasion de montrer au monde ce dont est capable le peuple de Guinée qui suscita admiration et respect. Hélas, tous les régimes, après lui, ont emboîté le pas à Sékou Touré : en faire voir à son peuple, les pires dérives autoritaires, avec népotisme, ethnocentrisme et médiocratie.
Les autorités guinéennes et le Comité en charge de l’organisation de la CAN 2025 doivent apprendre des échecs et des réussites des pays organisateurs de tels rendez-vous sportifs. Il n’y a pas eu que des échecs et des ratés dans ce domaine, n’en déplaise aux médias et milieux internationaux. L’Afrique du Sud a réussi avec brio l’organisation de la Coupe du Monde de football de 2010. Le Gabon et la Guinée-Equatoriale, en co-organisation, s’en sont bien tirés en 2012, en 2017 après le désistement de la Lybie en mauvaise situation politique, le Gabon a remis ça, bravo à lui !
Il faut espérer d’ici là que la terre du triple champion continental, Hafia Football Club de Guinée, se sera « reconstruite » au plan des infrastructures et au niveau de la super structure : politique, économie, mentalités… Vaste chantier ! Mais la transition bottée trop veut en brasser…
Revenons au Cameroun. Quelques jours avant l’ouverture, la CAN, Coupe d’Afrique des Nations a failli se réduire à une Coupe d’Afrique Noire. Nous avons frôlé le fiasco après le rugissement du vieux Lion indomptable, Roger Milla a accordé une interview à TV5 : En effet, le vieux Lion en termes peu « orthodoxes », peu « catholiques », peu « islamiques », peu « judaïques », peu « vaudouiques », a stigmatisé nos frères de la région Maghreb, disant que « ce sont eux qui mettent le bordel ». Heureusement et à la satisfaction générale, le vieux lion s’est ravisé, il a présenté ses excuses, précisant que ce dérapage sous le coup de la colère était loin d’une intention de balkanisation de l’Afrique footballistique. Balkanisation est un mal dont l’Afrique souffre déjà, point besoin d’en rajouter. Les Africains ont à s’atteler à l’intégration africaine et à l’édification d’une Union africaine effective. Pour ce faire, il convient dès maintenant d’assainir, de renforcer et de redynamiser les communautés économiques régionales : CEDEAO, CEEAC, SADC, COMESA, CEN-SAD, IGAD, UMA. Par assainissement, nous entendons l’adéquation des actes et des décisions prises par ces communautés avec les intérêts des populations africaines.
La CAN se déroule dans un pays qui fait l’honneur de l’Afrique footballistique : quart de finale coupe du monde Italie 1990 ; médaille d’Or aux JO 2000 en Australie.
La présente CAN, sans atteindre le niveau médiatique des autres Championnats continentaux (Euro, Copa America) n’est du goût des milieux sportifs du Nord. Parce que la CAN prive les clubs européens de leurs sociétaires africains travailleurs immigrés. Choquant : l’intérêt du foot européen tient à dicter le calendrier de la CAN. Le football est désormais une industrie, un business, le profit est roi. Beaucoup jugent « artificiel », exagéré et disproportionné ce que gagnent les footballeurs. Oubliant que pour certains joueurs font dans les œuvres sociales et caritatives.
Le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations), frère cadet de la CAN est né en 2009. Il permet de jauger le poids et le niveau du football qui se joue en Afrique et partant, le niveau des championnats nationaux : n’y participent que les joueurs au pays.
L’Afrique regorge de talents sur la scène mondiale. Minables sont ses championnats domestiques, exception faite de ceux du Maroc, de l’Égypte, de la Tunisie, de l’Afrique du Sud, de la RD Congo, de l’Algérie. Le reflet des situations économiques de nos États ? Thabu Mbeki déplore : « How come Africa is poor when it is so rich » ?
Nous sommes à la finale de cette CAN. Auront survécu à la “bataille-battue” nos Lions de la Téranga et nos Pharaons d’Egypte. Seront tombés toutes sortes de “créatures”, deux autres familles de lions-dont celles des pourtant indomptables-, des étalons, des scorpions, des aigles, des guépards, surtout des éléphants que l’on pensait redoutables. Les Lions de la Téranga, qui ont la finale perdue face à l’Algérie à la CAN 2019 sont déterminés à s’emparer cette fois-ci le Trophé. Il leur a fallu ce sursaut pour venir à bout des vaillants Etalons du pays des Hommes Intègres. Ce sera une finale de haut vol car en face, les Pharaons dans leur style particulier pimenté par la présence de Mo Salah ont toujours eu un appétit féroce pour la CAN (25 participations et 7 fois étoilés). Aurait certainement participé avec intérêt à cette finale un grand Africain dont je vous laisse deviner le nom. Je vous donne un clou avec son épitaphe: «Savant Africain; né au Sénégal le 29 décembre 1923, décédé le 7 février 1986. Ecrivit entre autres ‘Nations Nègres et Culture’». Il a ainsi mis en évidence, l’Antiquité noire Egyptienne.
–Elimination de la Guinée. On espérait mieux, on méritait plus ! Une chose est désormais certaine : aucune équipe ne peut prétendre être gagnante d’avance ; il n’y a plus de « petites équipes » que les prétendues grandes peuvent balayer. Les scorpions viennent à bout des éléphants ; le cheval prend le dessus sur le léopard. Pour gagner, il faut mouiller le maillot jusqu’au bout. Les joueurs du Syli ne semblent pas en avoir pris la mesure et si les rumeurs d’indiscipline de certains d’entre eux » sont effectives, des sanctions doivent être infligées aux coupables. Leurs maillots étaient secs tout le long de leur étrange parcours et vous connaissez certainement un refrain d’une chanson célèbre qui dit “Syli mou guérèè guiri maa»!.
C’est peut-être aussi, les sales rivalités au sein de la gouvernance du football Guinéen (Feguifoot, Ministère des Sports, clanisme, Présidence de la République Alpha, etc) qui se sont invitées dans les vestiaires du Syli. Dernière minute, on apprend que seuls 3 joueurs sont rentrés à Conakry pour ramener le drapeau après l’élimination prématurée du Syli. Il faudrait tirer tout cela au clair et assainir la gestion du Sport dans notre pays.
– Arbitrage féminin. Une première. Le match Guinée – Zimbabwe a été bien « géré » par un quatuor d’arbitres féminins. Un parcours sans faute ; nous sommes loin de la médiocre prestation de l’arbitre du match qui opposait les Aigles de Carthage et les Aigles de Tombouctou au cours duquel, nous avons eu droit à 3 coups de sifflet de fin de match erronés. Comme des confrères l’ont si bien dit, cet arbitre-là doit avoir sifflé en même temps, le coup de sifflet final de sa carrière arbitrale. Retenez ces noms qui font figure de pionnières dans cet arbitrage féminin : Salima Mukansanga du Rwanda, la française Stéphanie Frappart, la brésilienne Edina Alves, l’Ukrainienne Kateryna Monzul ou l’allemande Bibiana Steinhaus. Dès son arrivée à la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samoura avait clairement affiché son ambition et sa détermination à donner aux femmes les mêmes droits que les hommes.
– Utilisation de la VAR, Vidéo Assistance Referee. Déjà opérationnel dans le paysage du football mondial mais une première à la CAN, cette pratique a certes du bon, mais aussi du mauvais. Elle permet d’avoir plusieurs angles de vue d’une action alors que l’humain n’en a qu’un seul. Toutefois, quel que soit le degré de sophistication de la vidéo, elle n’aura jamais le feeling que l’Homme peut avoir. La vidéo quant à elle n’aura pas de penchant pour une personne ou pour une équipe. Nous abordons de toute façon l’épineux problème de l’Homme face à la robotique et à l’intelligence artificielle.
Tragique bousculade au stade d’Olembé de Yaoundé. Comme toujours ceci suscite de vives émotions et des interrogations sur les causes. Le hasard de mes pérégrinations ont fait que je suis en Espagne (pays du Football par excellence) au moment où j’écris cet article; les 2 célèbres quotidiens sportifs MARCA et l’AS qui ne consacrent d’ordinaire que très peu de place à la CAN, ont tous les deux mentionnés en première page ce tragique événement : « avalancha mortal en Camerun» et « Seis muertos, una estampida en la copa de Africa ». Les hautes Autorités du Cameroun et la CAF ont promis que la lumière serait faite sur cette regrettable tragédie et que toutes les mesures seraient prises pour que ça ne se reproduise pas.
L’heure est aux pronostics, comme nous disions plus haut, tout est possible ! Les Lions Indomptables partis grand favoris ne sont plus dans la course. On va épiloguer longuement sur les raisons de leur déroute. Dirait-on qu’ils bénéficient du soutien de tous les Camerounais ? Fissurée est la Nation Camerounaise : il y a les Anglophones et les Francophones.
D’ici là, toutes les équipes en lice peuvent solliciter les services de ce guérisseur, prédicateur que d’autres ont traité de charlatan et qui a déclaré : « J’ai la capacité d’exploiter les forces du mal, de pratiquer des rituels vaudous et d’utiliser des queues de rat, des cervelles d’hyène et du lait de mouche pour préparer mes mélanges magiques miraculeux. » !!!
Hèèèèèh vous savez quoi?
Nos Présidents, aussi bien ceux qui sont proprement élus que ceux arrivés par d’autres voies (pas voix) ont coutume pour la finale de la CAN, d’effectuer le déplacement pour booster le moral de leurs équipes.
Imaginez, par exemple, le Mali et la Guinée en finale, Nos Colonels Doumbouya et Goita avec les sanctions de la CEDEAO ne pourraient assister.
Si les Etalons du Burkina avaient franchi les 1/2 finales, grande aurait été la frustration des joueurs et du staff de ne pouvoir rencontrer le nouvel homme fort du pays, le Lieutenant Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
La CAF et la FIFA doivent interpeller la CEDEAO, il faut qu’elle enclenche les sanctions dès qu’il y a un coup d’Etat constitutionnel et non pas seulement quand c’est un coup d’Etat militaire. L’inévitable victime des sanctions, c’est le peuple; les politiciens véreux et les militaires parviennent toujours à coups des subterfuges, à esquiver les sanctions, les citoyens paient toujours.
Bonne finale à vous!
Thierno Ibrahima Barry Américain