L’accès à internet est un moyen de relance économique, mais le nombre de personnes privées d’internet dans le monde a atteint trois milliards dont 96% vivent dans les pays en développement.
A l’heure de la reprise de la croissance, les économies avancées devraient rebondir à l’horizon 2023 grâce au numérique, celles en développement pourrait prendre des années. Selon Riccardo Puliti, Vice-président pour les Infrastructures à la Banque mondiale, il faut enrayer ces inégalités digitales. « L’adoption généralisée du numérique rendue possible par un accès abordable à l’internet et l’acquisition des compétences nécessaires offre un potentiel illimité pour parvenir à instaurer une reprise économique plus résiliente ».
Grâce aux technologies numériques, dit-il, certaines fractures, les populations vulnérables, qui se retrouvent souvent exclues, peuvent être connectées. Pendant la pandémie, par exemple, les États qui ont recouru à des bases de données et des systèmes d’identification numériques pour le versement des allocations publiques ont touché 39 % de bénéficiaires de plus que les autres. Au Chili, grâce au numérique deux millions d’habitants en situation de précarité ont pu directement percevoir des aides sociales.
Par exemple, la Côte d’Ivoire a proposé des examens médicaux à distance, par téléphone portable, et un suivi de l’infection par géolocalisation. Le télé-enseignement également a permis d’assurer une continuité pédagogique, alors que les fermetures d’écoles touchaient plus de 1,6 milliard d’élèves dans le monde. La Turquie, également a étoffé son portail d’enseignement en ligne pour intégrer 18 millions d’élèves et plus d’un million d’enseignants.
L’inclusion numérique, selon cet expert, ouvre des possibilités infinies, mais les disparités demeurent chez les pauvres, les territoires ruraux et les femmes. « En milieu urbain, les internautes sont deux fois plus nombreux qu’en zones rurales. En Asie du Sud, la probabilité qu’une femme ait accès à l’internet mobile est 51 % moins élevée par rapport à un homme. En Afrique, moins de 10 % des plus démunis disposent d’un accès internet ».
Il faut noter que même si les opportunités existent, l’utilisation judicieuse de l’internet pose problème. En Afrique, « environ 40 % des réseaux de fibres optiques (soit plus de 400 000 kilomètres) appartiennent à l’État et sont sous-utilisés ». En Amérique latine et les Caraïbes, « 60 % des populations non connectées indiquent que le principal frein à l’utilisation d’internet demeure le coût élevé des données. Les ressources numériques demeurent largement inutilisées : 83 % des Africains vivent dans des zones pourvues de services internet mobiles, mais seuls 27 % en tirent parti. Pour combler ce fossé, deux facteurs sont essentiels : l’acquisition de compétences numériques et l’accessibilité financière ».
La Guinée compterait 14,411 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, 6,092 millions d’abonnés internet avec un taux de pénétration de 48% selon les données en vigueur de l’ARPT, (Autorité de régulation des postes et télécommunication). En 2020, malgré ce potentiel numérique, la Guinée a fermé les écoles plutôt que prévue, précipité les examens, faute de solutions numériques adaptées. Le secteur de la santé également n’exploite pas ce potentiel. Il est temps que le pays sorte des sentiers battus.
Diallo O