L’Alliance mondiale pour l’avenir de l’alimentation a publié ce mercredi 6 avril son rapport 2021 intitulé : «La politique de la connaissance/comprendre les données probantes en faveur de l’agro-écologie, des approches régénératives et des pratiques alimentaires autochtones ?» Le document prône l’agro-écologie au détriment de l’agriculture industrielle. Et comment !
Selon les auteurs, le rapport indique que les modes de pensée coloniaux et occidentaux peuvent «dévaloriser certaines formes de transformation des systèmes alimentaires et empêcher des solutions pratiques durables». Ils appellent à une action centrée sur les connaissances des peuples autochtones, des agriculteurs et des communautés et reconnaitre l’interconnexion entre nos systèmes alimentaires, notre santé et la planète.
Le rapport propose des alternatives urgentes à l’agriculture industrielle qui est un facteur de «stress de notre planète et contribue à près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre et des changements climatiques, qu’il s’agisse de la sécheresse en Somalie, des essaims de criquets ou autres».
Les auteurs du rapport prônent l’agro-écologie, les approches régénératrices et les modes d’alimentation indigènes, «solutions systémiques qui produisent déjà des résultats positifs en matière de santé et de nutrition, de justice sociale et d’action climatique».
Comment faire ?
Selon Lauren Baker, Directrice des programmes de l’Alliance mondiale, il incombe aux décideurs et aux législateurs nationaux et régionaux d’identifier les obstacles et d’agir. En Afrique, dit-elle par exemple, les agriculteurs n’ont pas d’autre choix que d’acheter les semences, engrais, pesticides et autres intrants agricoles à un petit groupe d’entreprises puissantes. «Cela empêche les agriculteurs de construire une résilience à long terme pour leurs moyens de subsistance, leurs terres et leur communauté».
Elle suggère que les gouvernementales prennent des décisions basées sur des programmes de recherche locale plus susceptibles d’identifier les dimensions environnementales, sociales, culturelles, politiques et économiques qui doivent être abordées pour apporter un changement durable.
Le document réfute l’idée selon laquelle, l’agro-écologie n’est pas capable de répondre à la demande mondiale. Au Sénégal par exemple, ENDA Pronat a utilisé des pratiques agro-écologiques pour assurer la transition de plus de 24 000 hectares de terres arables. Ces résultats «positifs» ont permis au Sénégal de faire de l’agro-écologie l’une des cinq initiatives majeures de son Plan Sénégal Emergent.
Au Malawi aussi, l’organisation Soils, Food and Healthy Communities, a passé 20 ans à fortifier les sols, à partager des connaissances et à améliorer les résultats sanitaires et nutritionnels aux côtés de plus de 15 000 agriculteurs. «Les résultats montrent que lorsqu’une gamme de cultures diverses est cultivée dans le cadre de systèmes agro-écologiques, les exploitations peuvent être jusqu’à 80% plus productives que les exploitations conventionnelles. En outre, la sécurité alimentaire des ménages, les revenus des agriculteurs et les systèmes de soutien communautaire se sont tous améliorés grâce à ces pratiques agro-écologiques».
Pour changer nos systèmes de recherche dominants, il faut démanteler les barrières structurelles. Et au niveau des consommateurs, demandons des produits cultivés de manière agro-écologique.
Diallo O