Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, continue ses visites inopinées dans les commissariats et dans les gendarmeries relevant de sa juridiction. Le lundi 16 mai, il s’est rendu, entre autres, aux Commissariats Centraux de Kaloum, du Stade du 28 septembre, de Bellevue, Matam, Gbessia, à la Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables à la Bellevue, au commissariat Urbain de Kénien et de Hafia, à la Gendarmerie PM3 de Matam.
Au Commissariat spécial du Stade du 28 septembre à Dixinn, Charles Wright a été choqué d’apprendre qu’un plaignant a été contraint de payer 100 000 FG à un des OPJ de ce commissariat, pour que sa plainte soit enregistrée. Aussitôt, il a suspendu l’habilitation de cet officier de police judiciaire, pour avoir « arnaqué » ledit plaignant. Il a également instruit le procureur du TPI de Dixinn de l’entendre à l’effet d’engager des poursuites contre lui.
Au commissariat central de Kaloum, Alphonse Charles Wright a fait libérer un prévenu détenu pour une affaire de 180 000 FG, après avoir constaté que les faits pour lesquels il a été interpellé ne sont pas établis et qu’il n’y avait aucune infraction. Le prévenu était en détention depuis quatre jours alors que le plaignant a désisté. Il a aussi libéré un enfant qui avait été conduit au commissariat central de Kaloum par son père, pour vol. Selon lui, l’enfant bénéficie de l’immunité familiale, d’où sa libération. «Un enfant qui vole ses parents bénéficie de l’humilité parentale», a indiqué Wright.
A la Brigade spéciale de la protection des personnes vulnérables de Bellevue, commune de Dixinn, le procureur a libéré également deux prévenus. L’un était détenu pour une affaire de créance qu’il avait commencé à rembourser. M. Wright a indiqué qu’une telle infraction n’était pas passible de privation de liberté. Le second interpellé dans une affaire présumée de viol collectif a également été libéré. Parce qu’aucune infraction n’était établie contre lui. La victime même aurait déclaré devant les agents enquêteurs que le détenu n’était pas impliqué.
Au Commissariat urbain de Kénien, Alphonse Charles Wright a suspendu toutes les habilitations des officiers de police judiciaire. Il a été ahuri de constater que les règles de procédure judiciaire les plus basiques sont foulées par ces OPJ. «On ne donne pas les habilitations à un officier de police judiciaire pour qu’il en dispose comme bon lui semble. Le cas du commissariat urbain de Kénien est révoltant, un cas hors la loi, hors la procédure de droit. Je ne peux pas comprendre qu’un service où on a habilité des officiers de police judiciaire travaille dans les registres qui ne sont pas côtés et paraphés par les parquets d’instance. Ce qui veut dire qu’ils mettent l’infraction selon leurs humeurs. Ils déchirent la page qu’ils souhaitent déchirer, ils placent les gens en garde-à-vue en dehors de toutes règles de procédure alors que, tout juste à côté, il y a quand-même un commissariat central. Au lieu de continuer à laisser ces actes impunis, nous avons décidé de prendre notre responsabilité. C’est de suspendre toutes les habilitations et de leur dire désormais de transmettre toutes les plaintes qu’ils recevront au niveau du commissariat central de la Bellevue», a-t-il déclaré. Et de préciser : «Nous avons le droit de suspendre tout officier de police judiciaire qui travaillera en dehors de toute règle de procédure. Désormais, le service de police urbain de Kénien n’est plus habilité à recevoir des plaintes et à poser des actes de police judiciaire, c’est-à-dire que ses OPJ ne peuvent plus poser des actes judiciaires».
Abdoulaye S. Camara