Dans la région d’Amhara au nord-ouest de l’Éthiopie, les journalistes et travailleurs des médias sont la cible d’une vague d’arrestations arbitraires et de détentions au secret. Reporters sans Frontières (RSF) demande leur libération et la fin du harcèlement des journalistes.
Au moins 9 agents des médias, dont des journalistes travaillant pour Nisir International Broadcasting Corporation et Ashara, qui couvrent les affaires nationales sur leurs chaînes YouTube, ont été arrêtés entre le 19 et le 20 mai par des agents des forces de sécurité.
“Entre les arrestations et les détentions arbitraires, le retrait d’accréditation et l’expulsion de correspondants de presse, les attaques contre la liberté de la presse et l’exercice du journalisme ont augmenté en Éthiopie depuis le début du mois, déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Les détentions au secret et les saisies d’équipement viennent empirer ce climat de répression croissante à l’encontre des journalistes, auquel les autorités doivent immédiatement mettre un terme. Tous les travailleurs des médias arrêtés doivent être immédiatement libérés et l’équipement des studios retournés”.
Au cours d’un raid, les forces de sécurité ont saisi le matériel de la chaîne Nisir International et arrêté quatre de ses journalistes et employés administratifs dans leurs locaux à Bahir Dar. Dans un communiqué, la chaîne a précisé que deux d’entre eux se trouveraient dans une prison de la capitale régionale, tandis que les deux autres seraient détenus dans des lieux tenus secrets à 185 km de celle-ci. Quant aux cinq employés de la chaîne Ashara, ils sont également gardés en détention dans un lieu éloigné tenu secret. Au total, plus de 4 000 individus ont été arrêtés dans la région d’Amhara, dans le cadre d’une “opération de maintien de l’ordre”, après que l’administration du Premier ministre Abiy Ahmed, a souligné le besoin de “protéger les citoyens et d’assurer la survie de la nation”.
Une tendance à la hausse des arrestations de journalistes qui inquiète les organisations professionnelles, comme l’Association éthiopienne des professionnels des médias de masse, qui a appelé le gouvernement à mettre fin à l’emprisonnement des journalistes.
Ces interpellations s’ajoutent aux nombreuses représailles visant les professionnels des médias dans un pays rongé par le conflit au Tigré. Le 16 mai dernier, l’accréditation de Tom Gardner, correspondant de The Economist a été révoquée par l’Autorité éthiopienne des médias (EMA). Plus tôt dans le mois, le journaliste de Yegna TV, Gobeze Sisay, est resté détenu pendant six jours par les services de sécurité pour des charges inconnues, dans un lieu et des conditions inconnues.
L’Ethiopie occupe la 114ème place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF.
Reporters Sans Frontières