Une mission du FMI a séjourné du 1er au 7 juin, à Conakry. Au menu : les récents développements économiques et leurs perspectives. La mission conduite par Mme Clara Mira a conclu que l’économie guinéenne reste résiliente, malgré un contexte difficile. « Le secteur minier continue de faire preuve de résilience, avec une production d’or et de bauxite en plein essor. Bien que renforcée par l’atténuation des perturbations liées au Covid-19 et le remboursement partiel de la dette intérieure de l’État, la croissance du secteur non-minier devrait être plus lente que prévu initialement, affectée par la détérioration de l’environnement extérieur, en raison de la guerre en Ukraine et de l’incertitude liée à la situation politique intérieure ».

Hausse de 20 % des prix des produits pétroliers

La mission note en revanche que les prix ont augmenté de 11 % en glissement annuel en avril 2022. Une des conséquences de la guerre en Ukraine. « L’appréciation du franc guinéen, le remboursement par le gouvernement des avances de la Banque centrale plus tôt dans l’année et le non-recours au financement de la Banque centrale contribuent à compenser certaines des pressions exercées par la hausse des prix internationaux des matières premières ».

Les autorités ont signé un protocole d’accord avec la Chambre de commerce, en vue d’une réduction « des droits de douane pour des produits de première nécessité tels que le riz et le sucre, fixant des plafonds de prix ».

Les prix des produits pétroliers à la pompe ont augmenté de 20 %, rappelle la mission. Une hausse, dit-elle, qui a ramené à environ « 2,3 % du PIB, l’estimation projetée par les services du FMI du manque à gagner dû à la subvention des prix du carburant ». Moins de 2 % de cette subvention bénéficiera directement aux 20 % des plus pauvres de la population, estime la mission du FMI.

Cette dernière suggère d’atténuer l’impact de la hausse des prix grâce à des mesures de soutien bien ciblées et axées sur les populations les plus vulnérables, comme des transferts monétaires ou des programmes de cantines scolaires.

Subventions élevées à l’électricité

La collecte des recettes a été globalement positive au cours des premiers mois de l’année (hors recettes liées au carburant en raison de la hausse des subventions). Ce qui semble indiquer une amélioration des efforts de conformité et de numérisation dans le secteur non minier. Côté dépenses, note la mission, les autorités ont rationalisé les dépenses courantes et se sont concentrées sur l’exécution du budget d’investissement financé sur ressources intérieures.

Utilisation rationnelle des DTS

Les autorités ont également commencé à « rembourser une partie des arriérés intérieurs accumulés en 2021 ». Néanmoins, les subventions à l’électricité « restent élevées ». En avril 2022, les autorités ont émis leurs toutes premières obligations à échéance de cinq ans. Ces dernières contribueront à allonger le profil d’échéance de la dette publique. Ce qui devrait réduire le risque de « refinancement à court terme et contribuer à l’approfondissement des marchés financiers nationaux ».

La mission s’est entretenue avec les autorités sur la nécessité de renforcer la mobilisation des recettes intérieures, en particulier dans le secteur minier. Elle les exhorte à poursuivre le remboursement des arriérés et d’éviter d’en accumuler de nouveaux ; à atténuer l’impact du choc des prix des denrées alimentaires et du carburant sur les plus vulnérables grâce à des mesures ciblées. En termes de politique monétaire, les discussions ont porté sur la nécessité de continuer à limiter le financement du budget par la Banque centrale et de gérer activement la liquidité si les pressions sur les prix intérieurs s’intensifient.

Les autorités ont réitéré leur engagement à utiliser les ressources de l’allocation de DTS avec « prudence et transparence », en investissant dans les infrastructures « productives et les secteurs sociaux ».

Tély