Le mercredi 29 juin dernier, Mariam Touré, autrement appelée « Mama », 10 ans, aurait été violée et tuée, son corps abandonné dans les toilettes d’une mosquée du quartier Kobayah, secteur 4, dans la commune de Ratoma. Des explications lient ce présumé viol à un crime rituel. Une enquête est en cours.

Dame Fatouma Camara, (mère de la victime), encore sous le choc, a expliqué la mort de sa fille aînée dans une vidéo amateur : «C’est ma maman qui m’a appelé au téléphone pour me dire de venir. Je lui ai demandé pourquoi faire ? Elle m’a dit qu’il ‘’n’y a rien, mais il faut venir seulement’’. Je lui ai dit de me dire la vérité si quelque chose serait arrivé à mes enfants. Pour ne pas me bouleverser, elle m’a dit que ma fille a fait une crise. C’est ainsi que je suis venue. Arrivée, on m’a dit que c’est Mariam qui est décédée (…) Je veux juste qu’on me montre la personne qui a fait cela, je suis juste venue pour cela. Tout le monde connaît les douleurs d’une mère. J’ai mis ma fille au monde, je l’ai élevée. Si c’est comme ça que ça se termine pour elle, je me confie à Dieu », a-t-elle expliqué en sanglotant.

Mariam Touré vivait avec sa grand-mère malade à Kobaya. A la demande de celle-ci, elle est allée acheter une boîte d’allumettes. «C’est moi qui ai envoyé ma petite-fille m’acheter une boîte d’allumettes. Quand elle a pris du temps, j’ai dit à ma voisine que j’ai envoyé Mariame, mais elle a pris du temps. Peu de temps après, un ami de mon mari est venu nous dire qu’il a appris quelque chose. Qu’il y a une fille couchée dans les toilettes de la mosquée et qu’elle aurait été violée. Il m’a aussi demandé où est ma petite fille. Je lui ai dit que je l’ai envoyée m’acheter une boite d’allumettes, mais depuis, je ne l’ai pas revue. C’est alors qu’il m’a dit qu’elle est décédée. Ils sont repartis voir le corps, puisque moi, je ne pouvais pas marcher, j’ai mal au pied. Ils sont venus confirmer qu’effectivement, c’est le corps de ma petite-fille ».

Face au drame, la tante de la défunte souhaite que justice soit faite, pour mettre fin aux cas de viols qui endeuillent des familles en Guinée. «Nous voulons que l’Etat nous aide pour que nous retrouvions l’auteur (de ce viol suivi de drame). Pour ne plus qu’il répète la même forfaiture contre d’autres filles. Qu’il soit l’exemple pour tous les violeurs », a-t-elle plaidé. L’Office de protection du genre, de l’Enfance et des mœurs, OPROGEM, s’est rendu dans la famille mortuaire, pour présenter les condoléances. L’Office a, sur place, diligenté une enquête préliminaire, qui a permis de mettre la main sur des suspects.

«Dès que j’ai été informée et aussitôt remonté l’information à ma ministre de tutelle, elle m’a dépêchée de venir rassurer la famille mortuaire, que toute la lumière sera faite pour que les présumés auteurs soient démasqués. A l’instant où je vous parle, six personnes ont été interpellées et elles sont dans nos services », a déclaré Marie Gomez, commissaire principale de Police et Directrice de l’OPROGEM.

Morlaye Camara, le chef de secteur, dit être déçu et choqué. Selon lui, depuis mercredi, la mosquée où le drame a eu lieu est fermée. Selon lui, plusieurs personnes dont un imam, deux muezzins et deux conseillers ont été arrêtés par les forces de sécurité à des fins d’enquête.

Le procureur général réagit

Le pro-crieur général près la Cour d’appel de Cona-cris, Alphonse Charles Wright, s’est rendu ce 1er juillet dans la famille mortuaire, pour compatir à la douleur des parents de la jeune Mariame Touré, mais aussi les rassurer que « toute la lumière sera faite sur la mort de la jeune fille. Ce qu’il faut d’ores et déjà relever, a-t-il dit, c’est qu’aujourd’hui, il y a des personnes suspectes qui ont été interpellées. Au-delà des autorités religieuses qui ont été interpellées, on a procédé à l’interpellation de six autres personnes», a-t-il indiqué, avant de demander à la famille de la victime de coopérer avec la justice, pour faire la lumière sur ce crime. «On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. Vous ne pouvez pas demander à ce que justice soit faite mais que certains membres de la famille puissent constituer des obstacles par rapport à la recherche de la manifestation de la vérité dans cette affaire ».

Selon lui, sa visite à la famille a permis d’avoir de nouveaux éléments susceptibles de faire évoluer l’enquête. «Aujourd’hui, le fait d’être venus sur les lieux nous a permis de comprendre qu’il y a un groupe de jeunes qui était venu, envoyé par la grand-mère (de la victime) au niveau de la concession familiale, pour des fins de fétichisme, et qu’il y avait toute une organisation la nuit dans cette concession où la jeune fille habitait, avec sa grand-mère ».

Crime rituel ?

Des habitants du quartier Kobaya croient que le meurtre de la jeune fille aurait un lien avec un sacrifice rituel, qui aurait été organisé par sa grand-mère. Par rapport aux suspects interpellés, Alphonse Charles Wright indique qu’il y a « des indices concordants qui laissent croire que ce sont ceux qui ont consommé cette infraction crapuleuse », ajoutant que le ministère public va requérir la perpétuité contre eux, parce que, dit-il « le viol a été suivi d’actes de violence, de torture ».

Parlant des imams, muezzins et membres du conseil de mosquée interpellés, le procureur général près la Cour d’appel de promet qu’ils pourraient recouvrer très prochainement leur liberté au cas où. « On peut certainement les libérer très prochainement, s’ils s’avèrent que les indices ne tournent pas en leur défaveur ».

Kadiatou Diallo