Le 17 juillet, la Cour pénale internationale a célébré les 20 ans du Statut de Rome portant sa création. En Guinée, la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale (CGCPI), en a profité, ce 18 juillet, pour retracer le cheminement de la mise en place de la juridiction, mais surtout pour exiger la tenue rapide du procès des massacres du 28 septembre 2009.
Le statut de Rome, portant création de la Cour pénale internationale (CPI) a été adopté le 17 juillet 1998 par 120 Etats. Il est entré en vigueur le 1er juillet 2002. La Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale était en conférence de presse ce 18 juillet. Objectif : utiliser cet anniversaire pour mettre de la pression sur les autorités de la transition en vue d’obtenir l’ouverture du procès des présumés auteurs des massacres du 28 septembre 2009 commis dans le stade éponyme. Surtout que le Chef de la junte a exigé du ministre de la Justice l’ouverture de ce procès avant fin septembre prochain : « Cette célébration coïncide au discours du Chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya, exigeant l’ouverture du procès du 28 septembre 2009, ainsi que l’engagement pris par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright dans le même cadre. La CPI a été créée pour mettre fin à l’impunité concernant les crimes les plus graves…Il est important de souligner qu’il incombe aux juridictions nationales, a priori, de juger ces crimes atroces. La CPI n’interviendra que dans des circonstances exceptionnelles ou limitées… ».
Dans cette affaire, 156 personnes ont au moins été tuées, pas moins de 109 femmes ont été victimes de viols ou de violences sexuelles, des portés disparus. Plus d’une dizaine de civils et de militaires inculpées, attendent leurs procès. Depuis, plus de 430 victimes ont été auditionnées, elles attendent, encore, l’ouverture du procès. Pour Maitre Hamidou Barry, c’est l’occasion de faire éclater la vérité et de lutter contre l’impunité. Et il a sa recette : « Depuis 2014, au temps de Cheick Sacko, avant chaque anniversaire du massacre du 28 septembre, on nous dit que le procès va s’ouvrir en octobre ou bientôt. Nous sommes habitués à cela. C’est pourquoi, nous demandons au chef de l’Etat de concrétiser cette annonce par des actes. Dire qu’on va ouvrir ce procès dans deux mois, cela n’est pas facile. Mais on peut faire une ouverture solennelle du procès dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Conakry. On réunit les juges, les parties civiles, les accusés et les conseillers des deux parties. On ouvre le procès, après, on renvoie les débats, juste après les vacances judiciaires (prévues habituellement en août Ndlr). On peut l’ouvrir solennellement dans deux semaines et renvoyer à deux ou trois mois. Le temps de tout préparer. D’ici septembre, tenir le procès des massacres du 28 septembre de façon continue n’est pas possible ». Selon lui, il n’est plus question de reprendre l’instruction avec un nouveau pool de juges d’instruction, comme le réclame « le Collectif Droit et justice équitable en Guinée ». Mais Me Hamidou Barry conseille plutôt d’engager d’autres poursuites contre les personnes impliquées dans ces massacres, mais non encore inculpées : « Elles pourront être citées devant la juridiction de jugement ou bien faire l’objet de poursuites particulières ».
Le 28 septembre 2009, les forces vives de la nation opposées à une éventuelle candidature du Chef de la junte d’alors, le capitaine Moussa Dadis Camara, se sont rassemblées au stade éponyme à Dixinn, avec des milliers de Guinéens. Les forces de défense et de sécurité ont tiré sur la foule et violé des manifestantes.
Yacine Diallo