Le journaliste d’investigation ivoirien Noël Konan qui a refusé, fin juin, de révéler ses sources au cours d’une audition à Daoukro au centre du pays, a été gardé à vue un jour à Abidjan, le 13 juillet. Reporters Sans Frontières (RSF) dénonce cette procédure et appelle les autorités à respecter le secret des sources d’information des journalistes.
Le journaliste d’investigation freelance Noël Konan – qui a débuté au journal l’Eléphant Déchaîné et qui a participé à plusieurs enquêtes, dont celle des FinCen Files, des documents ayant fuité du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) et qui ont fait l’objet d’une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ou encore celles desPandora Papers et des West Africa Leaks – a comparu libre le 18 juillet à Abidjan. Au cours de la procédure contre lui pour des faits de diffamation, il a refusé de révéler ses sources, et a été gardé à vue pendant un jour.
«La procédure contre Noël Konan a été biaisée dès le départ, puisque le journaliste a été gardé à vue alors que la loi l’interdit pour les délits de presse, a déclaréSadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Les irrégularités qui ont entaché cette procédure ne sont pas de nature à rassurer les journalistes qui tentent de mener des enquêtes et de protéger leurs sources.»
Le 30 juin, au cours d’une audition à Daoukro, Noël Konan, faisant l’objet d’une plainte de la NSIA Banque pour diffamation, a refusé de révéler ses sources au commissaire de police et au chef d’agence locale de cette banque. Il a expliqué à RSF qu’ils avaient insisté pendant deux heures pour connaître ses sources.
«Le commissaire de police de Daoukro et le chef d’agence m’ont demandé de leur révéler mes sources d’information et leur intention. Ce que j’ai refusé. Ils sont restés pendant deux heures à insister pour que je leur révèle mes sources… C’est par la suite qu’ils m’ont obligé à partir avec eux au commissariat pour que j’y sois auditionné sans aucune assistance juridique, » a-t-il déclaré.
RSF dénonce ces méthodes et rappelle que la protection des sources est un important pilier de la liberté de la presse.
Après une deuxième audition à Abidjan le 13 juillet, Noël Konan, refusant toujours de révéler ses sources, a été gardé à vue jusqu’au lendemain. En Côte d’Ivoire, la loi sur la presse dispose en son article 89 que la garde à vue, la détention préventive et la peine d’emprisonnement sont exclues pour «les infractions commises par voie de presse ou par tout autre moyen de publication, sous réserve de toute autre disposition légale applicable ». RSF considère que Noël Konan n’aurait jamais dû être gardé à vue.
En procès le 18 juillet, il a été condamné à payer une amende de plus de 4 500 euros (3 millions de francs CFA) pour diffamation. Il a interjeté appel.
La Côte d’Ivoire occupe la 37e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2022 par RSF.
Reporters Sans Frontières