La deuxième audience du procès des massacres du 28 septembre s’est rouvert ce 4 octobre au tribunal ad hoc de Dixinn, délocalisé à Kaloum. La parole a été donnée aux avocats de la défense qui ont soulevé des exceptions. Tous sont d’accord que l’ordonnance de renvoi soit purement et simplement annulée.

Maître Emanuel Bamba a soulevé une exception selon laquelle en lieu et place de son client Blaise Goumou c’est un certain Blaise Guemou qui a été renvoyé devant le tribunal. Même que ce Blaise Guemou serait décédé. C’est pourquoi, il demande au président du tribunal de le relaxer purement et simplement. Ainsi, Maître Bérété, avocat de Cécé Raphaël Lamah et de Marcel Guilavogui explique qu’il y a contradiction entre la cellule de citation et l’ordonnance de renvoi. Parce que ses clients n’ont jamais été renvoyés devant le tribunal, pour meurtre et incendie volontaire, selon l’ordonnance de renvoi. Or,  dans la cellule de citation, c’est ce qui est mentionné.  C’est pourquoi, l’avocat a demandé la nullité de la cellule de renvoi. Me Bérété affirme que ses  clients sont détenus illégalement en prison depuis le 18 juin 2010, alors que la détention provisoire ne devait pas dépasser 6 mois. Il  demande que ceux qui sont victimes de  ses clients soient clairement identifiées. Malgré les accusations graves, il déplore le fait que soit seulement 11 personnes qui soient renvoyées devant le tribunal.

Me Bérété conteste la constitution de  l’Avipa (Association des parents et victimes du 28 septembre 2009), comme partie civile, parce que selon lui, toutes les associations qui devaient se constituer devraient exister 5 ans avant la commission des infractions. S’agissant des autres associations, l’avocat demande qu’elles justifient leur constitution à travers un acte et dire (le nom), cas par cas, les victimes qu’elles défendent. Me Bérété montre son inquiétude quant à l’implication de la CPI (Cour pénale internationale) dans le procès. Il demande que l’ordonnance de renvoi soit purement et simplement annulée.

Maître Salifou Béavogui, avocat de Claude Pivi et de Marcel Guilavogui, aussi n’approuve pas la constitution de la FIDH et de l’OGDH comme partie civile. Elles n’auraient pas leur place dans la salle. Par contre, les victimes Oury Bailo Bah et plus de 600 autres peuvent tenter de se constituer partie civile. Que Marcel Guilavogui se trouve en prison depuis 2010, sans titre de détention, ce qu’il trouve anormal. En ce qui concerne le colonel Claude Pivi, Me Béavogui affirme que son client a été entendu en 2014 et que celui-ci est victime de sa notoriété, d’où « l’acharnement » contre lui. L’avocat déplore que Colonel Pivi soit invité à travers une lettre, puis écroué. « Une partie au procès convoque une partie au procès pour l’emprisonner », signale-t-il. Il demande au président du tribunal d’ordonner la libération de son client.  Me David Béavogui, avocat de Marcel Guilavogui, dénonce aussi la détention abusive (depuis 2010) et demande la mise en liberté de son client. L’action en délai excessif de jugement, parce que depuis 2017, il y a eu l’ordonnance de renvoi.

Me Paul Yomba Kourouma, avocat de Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité, estime que la réponse du président du tribunal aux exceptions soulevées, dira la suite du procès. Les exceptions feront voler en éclat l’ordonnance de renvoi. Selon lui, depuis le 14 mars 2017, son client a cessé de voir le soleil, il n’a vu les juges que trois fois, il a développé une pathologie d’origine carcérale, il n’a pas vu un médecin, il procède à l’auto médication. «Nous demandons son évacuation sanitaire et nous l’insistons ». L’avocat affirme que le titre de détention de son client n’a pas été renouvelé depuis 2017. «C’est un grand malade qui va se défendre devant 400 personnes qui l’ont accusé. Nous sollicitons qu’il soit mis en liberté et qu’il soit évacué au frais de l’Etat pour se soigner. Que le procès soit ajourné jusqu’à son rétablissement ». Me Sylla également déclare la nullité de l’ordonnance de renvoi pour cause d’incompétence des magistrats instructeurs. Il estime que trois juges d’instruction ont été saisis par le procureur alors que c’est seulement un qui devait instruire le dossier. Ce serait une violation d’un principe de la non-rétroactivité des faits à la loi pénale, s’insurge l’avocat.

Ibn Adama,

Envoyé spécial