Le procès de l’imam, El Hadj Amadou Barry, s’est poursuivi ce 3 novembre au tribunal de première instance de Mafanco. L’audience a été consacrée aux dépositions des témoins des deux parties.
Inculpé pour «viol», écroué à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis près d’un an maintenant, El Hadj Amadou Barry, imam au quartier Yimbaya, comparaît par devant le TPI de Mafanco. Pour une histoire de « viol» sur une mineure de 14 ans, qui par la suite, a contracté une grossesse. L’accusé nie les faits en bloc, crie à un complot pour l’évincer de la mosquée. Ce 3 novembre, le tribunal a recueilli les dépositions des témoins de l’accusé et celles de la victime : «Ma sœur m’a appelé en pleurant, elle disait : Djénè m’a tué… Elle venait de se rendre compte que sa fille était enceinte. Nous avons demandé à Djénè qui est l’auteur de sa grossesse, elle nous a dit que c’est imam Amadou Barry, sa mère ne croyait pas. Djénè a appelé l’imam, elle lui a demandé s’il était à la pharmacie, il y était. Elle lui a dit qu’elle venait, mais nous avons retardé. Il a rappelé et a dit : tu ne viens pas? Il pensait peut-être qu’elle partait comme les autres jours. Nous sommes arrivées, je l’ai informé de la grossesse de la fille, il a commencé à raconter des histoires du Prophète Mahomet», explique Fatoumata Conté, proche de la victime. Selon elle, l’imam Barry n’est pas étranger à la grossesse de Djénè : «Il s’est engueulé avec Djénè dans la pharmacie, elle lui a dit de sortir des histoires du Prophète, de parler de sa grossesse. Il s’est emporté et dit : alors pourquoi vous avez attendu trois mois avant de m’informer que tu es enceinte ? Je lui ai demandé comme a-t-il su qu’elle avait déjà trois mois ? Il n’a rien dit».
Est-ce que le fait de dire que vous deviez l’informer n’est pas une sorte d’aveu ? demande le procureur. Fatoumata Conté : « Si rien ne s’était passé entre eux, il n’allait pas dire cela».
Pour l’avocat de la défense, le témoignage de dame Conté est plein de contradictions : « Elle dit que mon client n’a pas reconnu les faits, mais dit en même temps qu’il s’interrogeait sur l’évolution de la grossesse. Cela n’est pas possible».
Idiatou Diallo, une des épouses de l’accusé a fréquenté la victime pendant un moment : « Nous sommes des voisins, elle est venue me dire qu’elle aimait ma façon de m’habiller, qu’elle voulait avoir mon amitié, j’ai accepté, mais sans connaître son intention. Un jour, je cherchais quelqu’un pour envoyer le déjeuner de mon mari, Djénè m’a dit qu’elle va aller, qu’elle connaît les lieux. Je lui ai demandé comment elle a connu la pharmacie de mon mari, elle a répondu qu’elle y a accompagné une de ses amies… C’est trois jours après que cette histoire de viol a éclaté… Je ne soupçonnais pas mon mari, je ne l’ai pas vu avec elle. Je ne peux pas croire à une telle chose».
Pourtant, pendant son interrogatoire, Djénè Kaba, pour démontrer qu’elle a eu une relation charnelle avec Imam Barry, a indiqué des parties du corps de l’accusé sur lesquelles il a des tatouages : «Tout le monde dans le quartier connaît le passé de mon mari, les gens savent qu’il était dans les shows, ils savent qu’il ne cache pas le fait qu’il ait des tatouages, quelqu’un en a sûrement parlé pour préparer la conspiration contre mon mari».
Le tribunal a renvoyé le dossier au 8 novembre, pour la comparution des deux autres témoins qui étaient absents de la salle d’audience.
Yacine Diallo