Il est superflu de dire que celui qui s’apprête à prendre la route en Guinée est anxieux. Car si voyager est un plaisir sous d’autres cieux, prendre la route en Guinée constitue un véritable calvaire. Aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays, le déplacement est un chemin de croix.

Autrefois il fallait six heures de route entre Conakry et Labé. Désormais il faut compter dix à douze heures pour parcours moins de 500 km. Si la situation s’est améliorée entre la capitale et Mamou, entre cette ville et Labé, vous n’avez désormais ni piste ni goudron. C’est entre les deux. Parfois, il est plus facile de circuler là où le goudron n’existe plus. A la place de nids de poules, ce sont des trous béants qui obstruent le passage.

Le projet de bitumage de la route Conakry Dabola est exécuté à plus de 80% jusqu’à Mamou. Ce qui permet au voyageur de retrouver par endroits le confort d’antan sur cette route. Même si elle est loin de l’autoroute que le pro-fossoyeur nous avait promise. Sa petite largeur rend la circulation à la fois difficile et risquée. Tout stationnement sur la route constitue un obstacle à la circulation.

A cela s’ajoute la mauvaise construction de la route par endroits. Par exemple, le tronçon qui contourne l’agglomération de Linsan. Cette route est perchée en hauteur. Ce qui rend le risque de dérapage très élevé. En outre, si l’objectif de contourner la ville est d’éviter l’encombrement et les embouteillages, causés par les vendeurs, c’est peine perdue. Ces derniers ont déserté l’ancienne route pour s’installer le long de la nouvelle.

Malgré tout, Conakry Mamou est mieux loti que le reste de la région. Vous vous rendez compte dès que vous dépassez le carrefour qui sépare la Haute Guinée et la Moyenne Guinée. Commence alors l’alternance entre le goudron et la piste. Ce qui vous oblige à alterner la  première et la deuxième vitesse.

Cette situation constitue par ailleurs une aubaine pour les hors-la-loi. Les coupeurs de route sévissent avec férocité Dans cette partie du pays. Désormais, il faut avoir une lucidité voire une témérité à toute épreuve pour s’aventurer dans la zone la nuit. L’impossibilité de rouler vite permet aux bandits d’immobiliser les véhicules à tout bout de champ.

Mais le comble, c’est que malgré tout, le tronçon Mamou Labé est encore mieux loti que le reste entre la capitale régionale du Fouta et les autres quatre autres préfectures que sont Mali, Lelouma, Koubia et Tougué. Pendant cette saison sèche, le voyageur en provenance de ces préfectures ressemble à quelqu’un qui sort d’une termitière.

Dans l’euphorie de la prise du pouvoir, les nouvelles autorités avaient procédé au reprofilage de certaines pistes rurales dans la région. Mais comme dit l’adage, « tout ce que la saison sèche fait, la saison des pluies défait.»

Habib Yembering Diallo