Mardi 31 janvier, 43ème jour d’audience du procès du massacre du 28 septembre 2009, 3ème jour de comparution du colonel Blaise Goumou. Accusé, entre autres, de meurtre, assassinat, viol, complot, pillages, il continue de nier les faits qui lui sont reprochés. Face aux questions des avocats de la partie civile, le colonel maintient que durant tout son parcours du camp Alpha Yaya à Enco 5, en passant par Lambanyi, Hamdallaye jusqu’au stade à Dixinn, il n’y a eu aucun incident entre ses éléments et les manifestants. Colonel Goumou affirme que dans le contexte de l’arrivée des bérets rouges, il ne pouvait pas rester au stade, pour sauver les civils. « Comme je savais qu’on ne s’entendait pas avec ces militaires, j’ai quitté. Nous n’étions pas armés », explique l’accusé.

L’avocat a insisté sur le fait que Blaise Goumou et ses éléments devaient rester, pour sauver les civils en danger. Le colonel répète qu’il n’était pas au stade dans le cadre du maintien d’ordre. Au cours de l’interrogatoire, l’avocat de la partie civile Thierno Amadou Oury Diallo a produit au tribunal une photo où apparaît un gendarme coiffé d’un béret rouge parmi la garde présidentielle de capitaine Moussa Dadis Camara qu’il présente comme étant Blaise Goumou. Cela a provoqué l’ire du colonel qui a juré sur tous les saints que ce n’est pas lui sur la photo : «Je n’ai jamais été garde-corps, je n’ai jamais appartenu à la garde présidentielle. Je jure sur l’honneur, sur mon serment, ce n’est pas moi sur cette photo. Monsieur le président, faîtes votre recherche ; si c’est moi sur cette photo, ce que tout ce que je vous ai dit à la barre, ne prenez pas en compte. Comment vous pouvez aller sur YouTube, sur Facebook pour chercher des preuves ? Je vous promets qu’on va mettre toutes ces preuves à l’eau. Si ce n’est pas moi sur cette photo, vous allez entendre mon discours», a dit Blaise Goumou qui dit être prêt à une quelconque expertise, notamment «la reconnaissance faciale.» Et de poursuivre : «Personne ne m’a indexé pour dire que j’ai posé un acte répréhensible ce jour au stade». L’avocat Thierno Amadou Oury Diallo convaincu que les dirigeants de la transition à l’époque n’avaient pas pris leur responsabilité pour prévenir le massacre ou pour l’empêcher, il a demandé la comparution de tout le gouvernement de l’époque. Ensuite, il a demandé à ce qu’il y ait un transport judiciaire au quartier Faban, derrière l’aéroport où des corps auraient été ensevelis dans des fosses communes. Que ces corps soient exhumés, pour expertise par des spécialistes.

De nombreux témoins affirment avoir été arrêtés, conduits aux services spéciaux au camp Alpha Yaya puis torturés, souligne l’avocat. L’accusé Blaise Goumou est formel, il n’y a pas eu de manifestants interpellés encore moins torturés à son service. «Je répète et je réitère, il n’y a jamais eu des pratiques comme la torture et autres faits que vous dites ici ». Pouvez-vous nous dire que vous ne connaissez personne avec qui vous avez travaillé ? Vous protégez des gens, lui signale l’avocat.  L’accusé de répondre que cela fait plus de dix ans que les événements sont passés, c’est pourquoi, il ne peut pas les reconnaître. «Même mes amis de promotion avec qui nous avons la commune de base, je ne les reconnaît pas. Je ne protège personne. Je suis là pour me défendre », réplique le colonel. 

A de nombreuses questions, Blaise Goumou a répondu par «je n’ai pas de réponse à cette question ou encore j’ai déjà répondu à cette question ».

L’audience continue demain, 1er février.

Ibn Adama