Lundi 20 mars, le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail du Département d’Etat américain a publié son rapport 2022 sur la situation des droits humains dans le monde. La Guinée, dirigée par une junte depuis septembre 2021, ne pavoise pas.
Exécutions illégales ou arbitraires, torture, peines, traitements cruels et inhumains ou dégradants «infligés par le gouvernement ». Le rapport 2022 sur la Guinée du Département d’Etat américain ne fait pas dans la dentelle. Il fait également cas des conditions carcérales «dures et potentiellement mortelles, des graves problèmes d’indépendance du pouvoir judiciaire et immixtion arbitraire ou illégale dans la vie privée.»
Le Département d’Etat américain regrette aussi « la punition des membres de famille pour des infractions présumées par un parent, de graves restrictions à la liberté d’expression et aux médias, y compris la violence ou les menaces de violence contre les journalistes, la censure et les menaces d’appliquer les lois pénales sur la diffamation. L’ingérence substantielle dans la liberté de réunion pacifique, les restrictions à la liberté de mouvement et de résidence sur le territoire d’un État et au droit de quitter le pays, l’incapacité des citoyens à changer pacifiquement leur gouvernement par le biais d’élections libres et équitables ». Le rapport fustige aussi des restrictions «graves et déraisonnables à la participation politique, grave corruption gouvernementale, l’absence d’enquête et de responsabilité pour les violences sexistes, y compris les mutilations génitales féminines/l’excision, traite des personnes… », ainsi que l’existence des « pires » formes de travail des enfants.
«L’impunité des responsables gouvernementaux demeure un problème. À quelques exceptions près, le gouvernement n’a pas suffisamment enquêté, poursuivi ou puni les responsables gouvernementaux qui ont commis des abus, que ce soit parmi les forces de sécurité ou autres parties du gouvernement. Il a ouvert le procès des auteurs présumés du massacre 28 septembre au stade en 2009, jour du 13eme anniversaire du massacre. Le CNRD a démis l’un des auteurs présumés de son poste de haut niveau au gouvernement en mars et lui a interdit de voyager à l’étranger en septembre », mentionne le rapport.
Condé et Doumbouya, kif-kif !
A son avènement au pouvoir à la suite d’un putsch qu’il a ourdi contre Alpha Condé en septembre 2021, Mamadi Doumbouya, avait dénoncé les violations des droits humains sous son prédécesseur. Il promettait de rompre avec tout cela et de mieux promouvoir les droits humains en Guinée.
Ses résultats n’ont rien à envier à ceux d’Alpha Condé en termes de violation des droits humains. Dans son rapport de 2020, sous Alpha Condé, le Département d’Etat américain avait dénoncé des maux similaires : « exécutions extrajudiciaires perpétrées par le gouvernement ou en son nom», «actes inhumains», «arrestations arbitraires» et de «nombreuses restrictions aux libertés d’expression.» Seule la répression contre le troisième mandat 2019-2020 aurait fait au moins 90 morts, selon le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
L’interdiction des manifestations sociopolitiques en vigueur depuis mai 2022, les atteintes à la vie des manifestants, les arrestations illégales des acteurs politiques et de la société civile, marquent les esprits, sous Mamadi Doumbouya. Le FNDC dénombre dix-sept morts «par balles» en marge des manifestations sociopolitiques depuis juillet 2022.
Yaya Doumbouya