Au-delà de l’aspect juridique, le procès sur la tragédie du 28 septembre 2009 est en train de nous montrer l’autre facette de la Guinée. Ou plus explicitement celle des Guinéens. Cela, grâce au désormais incontournable baromètre de la société que sont les réseaux sociaux.
Le passage d’un témoin -qui et est aussi une victime- ce 20 mars 2023 devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum en est la preuve. M. Bah Oury, c’est de lui qu’il s’agit, a livré sa part de vérité devant cette juridiction. En tant que victime de ces événements, l’homme politique était visiblement à l’aise de raconter l’enfer qu’il a vécu ce lundi noir.
Dans un procès fleuve où, à quelques exceptions près, seuls quelques avocats s’expriment correctement en français, Bah Oury a émerveillé l’assistance et surtout les téléspectateurs. Les internautes couvrent l’homme d’éloges. Quasiment tous reconnaissant que M. Bah est un grand intellectuel. On a l’impression que, pour nombre de Guinéens, la forme prime sur le fond.
Avant Bah Oury, d’autres avaient eux aussi suscité l’intérêt, voire l’admiration du public guinéen. Notamment Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba. Lequel, alliant révélations et lecture du Saint Coran, s’était attiré les faveurs de nombre de ses compatriotes. Juste après Toumba, un avocat a déchaîné les passions. Non pas par sa capacité à défendre son client, mais à user et abuser des gros mots de la langue de Molière. Maître Paul Yomba Kourouma avait fini par s’emballer devant les nombreuses réactions sur sa prestation. Car les jours suivants, il a mis le pied dans le plat, affirmant qu’il va « achever » Moussa Dadis Camara. Ces propos avaient choqué certains Guinéens, qui n’avaient pas hésité à le rapper à l’ordre. Depuis, il est revenu sur terre. Un Guinéen vivant en France avait même signé une tribune dans laquelle il était peu tendre avec Me Paul Yomba Kourouma.
Dans tous les cas, il est de notoriété publique que bien communiquer ne consiste pas à montrer au public qu’on a un vocabulaire riche. Une bonne communication est celle qui permet au public cible de gober le message véhiculé. C’est à cet exercice que Bah Oury s’est livré lundi 20 mars. Dans un français simple et accessible à ses compatriotes, il a conté sa mésaventure et celle de ses compagnons d’infortune, dont son désormais principal adversaire politique, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo.
C’est justement la description détaillée et parfois subtile de la façon dont il a apporté secours à son ancien mentor qui a suscité l’intérêt de ses anciens militants. Lesquels estiment que ce qui lie les deux hommes est plus fort que ce qui les divise. Appelant au passage à une réconciliation entre les deux frères ennemis. Bref, on peut dire que Bah Oury a réussi, par ce coup de Com, là où il a échoué sur le terrain politique. Depuis ce lundi, des personnes qui étaient jusqu’ici parmi ses pires pourfendeurs possiblement ont changé d’avis. Du moins le confessent-ils sur la toile.
Habib Yembering Diallo