L’ex-ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, Mohamed Oyé-Oyé Guilavogui, a comparu ce 22 mars par devant la Chambre du jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Il est poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. D’emblée, son avocat (sans vinaigrette), Me Saliflou-flou Béavogui a soulevé des exceptions préjudicielles qu’il estime « indispensables ». En clair, il a sollicité du tribunal de sursoir à statuer sur le dossier en attendant que la Basse-cour suprême examine un pourvoi en cassation lié au renvoi de son client à la Chambre du jugement, en date de fin janvier dernier.
Rappelons que Mohamed Oyé Guilavogui a été placé sous contrôle judiciaire le 6 avril 2022, à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, avec plusieurs de ses collègues, entre autres, Ibrahima Cas-Sorry Fofana, Mohamed Diané.
Me Salifou-flou Béavogui dénonce des « violations répétées dans la procédure » et considère que l’ouverture du procès « est une violation flagrante de la loi » par le pro-crieur spécial, Aly Touré. « Pourquoi l’on veut coûte que coûte organiser un procès en violation de procédure », s’interroge-t-il, c’est un « forcing ». A l’en croire, la Chambre du jugement ne peut pas siéger, car l’affaire doit être examinée par la Basse-cour suprême.
« Ce n’est ni le moment ni le lieu d’évoquer le dossier. Il se trouve en forme et en fond à la Cour suprême. C’est après elle que l’on peut revenir à la Crief. C’est une cabale judiciaire, savamment orchestrée pour nuire à l’honneur et à la réputation de mon client », dénonce Me Béavogui. Moustapha Mariame Diallo, du ministère Public, qualifie les exceptions soulevées par la défense de « fantaisistes, c’est du pire dilatoire. Être jugé, c’est un droit. On ne peut s’y opposeR ». Et d’inviter la défense à aller aux débats, si « elle sûre que le dossier est vide. Tout ce qui a été raconté n’est pas du droit, c’est de la politique. On ne peut pas politiser le dossier, car il est suffisamment chargé. Les exceptions soulevées n’ont aucun fondement juridique ». Mousto estime que le pourvoi en cassation n’empêche aucunement la Crief de juger le dossier.
« Banditisme judiciaire »
Me Pépé Antoine Lama, l’agent judiciaire de l’Etat, constituant la partie civile, parle de « charges suffisantes » dans le dossier. Il déclare que la requête de la défense n’est « qu’une fuite en avant. C’est une infructueuse tentative de prise en otage de la procédure. C’est du banditisme judicaire, pur et simple. Ces prétendues exceptions préjudicielles n’en valent pas la peine, elles sont maladroites ».
L’avocat (sans vinaigrette) de l’Etat a invité le tribunal à rejeter la requête de la défense, au motif que la saisine de la Chambre du jugement de la Crief « est régulière ». C’est «une mauvaise foi » de Mohamed Oyé Guilavogui. Me Pépé Antoine Lama invite le tribunal à lancer le jugement dans un « délai raisonnable. »
Enfin, le juge, Alhassane Mabinty Camara, a renvoyé le dossier au 29 avril, pour délibérer.
Yaya Doumbouya