Après ses tiraillements avec Mohamed Diawara, prési de l’Association des magistrats de Guinée, Alphonse Charles Wright entre en guerre avec Abdoulaye Israël Kpoghomou. Le Garde des Sceaux suspend le pro-crieur de la roue-publique près le TPI de Labé, pour « faute professionnelle».

Entre Charles Wright, ministre de la Justice, garde de Sceaux et Abdoulaye Israël Kpoghomou, ce n’est pas le parfait amour. Leur inimitié n’est d’ailleurs qu’un secret de polichinelle. Le 23 mars, le pro-crieur de la roue-publique près le tribunal de première instance de Labé a été suspendu par son ministre, pour faute professionnelle. Charles Wright reproche à Israël Kpoghomou d’avoir mal géré le cas d’un détenu pour un présumé vol, mort en prison, alors qu’il avait bénéficié d’une ordonnance de non-lieu : « Monsieur Abdourahmane DIALLO est décédé le mercredi 22 mars 2023 à 04 heures du matin à l’infirmerie de la maison de détention alors qu’il avait bénéficié de l’ordonnance de non-lieu N° 045/CAB/JI/TPI/L/2023 en date du 27 janvier 2023, contre laquelle aucune voie de recours n’a été exercée et surtout que la partie civile avait préalablement désisté». Pour le ministre, le patron du parquet de Labé n’aurait pas fait les diligences nécessaires pour permettre au défunt de recouvrer sa liberté à temps. Le ministre Charles Wrong considère que feu Abdourahmane Diallo était détenu de façon illégale et arbitraire jusqu’à ce que mort s’en est suivie.

Après sa suspension, le pro-crieur a remis les points sur les ires. Il dément toute détention arbitraire ou illégale, rejette la responsabilité sur un greffier. Selon lui, Abdourahmane Diallo, déféré au parquet du TPI de Labé a été confié à un juge d’instruction, qui a prononcé un non-lieu pour lui. Abdoulaye Israël Kpoghomou, lui, était en inspection des justices de paix, des unités d’enquête et des prisons civiles dans les préfectures de Lélouma, Koubia et Tougué : « Le substitut du procureur a reçu le dossier, visé l’ordonnance de soit communiqué de la décision et chargé le greffier du parquet de le transmettre dès le retour de mission du Procureur ». Selon lui, le greffier aurait omis de transmettre la décision au bureau du procureur : « Il l’a directement transmis à monsieur le chef de greffe pour être classé, tandis que l’ordre de mise en liberté n’était pas encore signé ».

Abdourahmane Diallo serait donc mort sans que le chef du parquet ne soit au courant du non-lieu prononcé en sa faveur. Quand il a été mis au courant de la maladie du détenu, il aurait ordonné son hospitalisation. Contre toute attente, il « a été informé par le régisseur, le lendemain, que le détenu malade a été retourné au centre de détention après les premiers soins et qu’il y a rendu l’âme aux environs de 4 heures du matin ».

Les relations difficiles entre ces deux magistrats ne datent pas d’aujourd’hui. Il se murmure qu’Israël Kpoghomou qui était le pro-crieur de la roue-publique près le TPI de Mafanco au début de la transition a été muté à Labé, pour l’éloigner de la capitale. Cette fois-ci, le pro-crieur ne compte pas se laisser faire.

Yacine Diallo