Les travailleurs des usines de production de farine GMC (Grand Moulin de Conakry) sont en grève depuis le 4 mars dernier. Ce jeudi 6 avril, ils sont de nouveau descendus dans les rues de Kaloum, pour exprimer leur ras-le-bol. Contraints de quitter leurs postes de travail, et remplacés par des nouvelles recrues, ces ouvriers accompagnés de leur syndicat ont manifesté devant le ministère du Travail et de la Fonction publique, après un bref passage devant la Présidence de la République sise au Palais Mohammed V. Ils accusent la direction générale de GMC de «violation du Code de travail et de non-respect du protocole d’accord signé en 2021».

Munis du tricolore national, les grévistes interpellent les autorités sur leur situation avec des pancartes sur lesquels on pouvait lire : « Respect du Code de travail », « Non au licenciement abusif », « président de la République, sauvez les travailleurs de GMC », « Inspection générale du travail, rendez justice !» ou encore « Embauchez-nous, 8 ans, c’est trop !». Ces manifestants exigent le respect de leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail qu’ils qualifient de « déplorables ».

Le Secrétaire général de la délégation syndicale de GMC, Soriba Manet, déclare qu’ils manifestent dans la rue, pour « faire respecter » leurs droits. « Nous sommes en grève depuis un mois à cause des licenciements abusifs des travailleurs. Nous exigeons la catégorisation, le respect du plan de travail, le plan annuel de formation et l’application de l’article 131.2 du Code de travail qui stipule que le contrat de travail d’un étranger ne doit pas dépasser quatre ans. Aux GMC Kagbélen, ils sont nombreux à avoir franchi cette limite. Même le directeur général en est à sa septième année ».

Les grévistes se disent « exploités », c’est pourquoi, disent-ils, ils ne comptent pas baisser les bras avant la satisfaction de leurs revendications. Celles-ci ont été mentionnées sur papier et déposées au niveau des ministères et services concernés depuis quelques jours. Cependant, ils constatent que l’inspection générale du travail « ne se mouille pas assez pour trouver un consensus et GMC ne bouge pas sur sa ligne ». Ils vont intensifier les mouvements de grève jusqu’à ce qu’on soient rassurés « d’être entendus avec la prise en compte de nos réclamations».

Le ministère du travail s’implique

Au début, cette affaire a été portée à la préfecture de Dubréka. Soriba Manet signale qu’à la place des textes juridiques, ils ont été menacés par le préfet qui a juré d’autoriser leur mise à pied, le recrutement d’autres ouvriers, s’ils ne reprennent pas le travail sans conditions. « Nous avons campé sur nos positions, ils ont exécuté leur menace. Puis, ils ont envoyé des pick-ups de la Police pour sécuriser les nouveaux travailleurs, nous empêcher d’accéder à l’usine ou de boycotter le travail ». Ils accusent l’inspecteur préfectoral de Dubréka d’avoir signé un acte de licenciement des délégués syndicaux. Une décision suspendue un peu plus tard par l’Inspecteur général du travail.

Ce 6 avril, après avoir pris d’assaut la devanture du ministère du Travail et de la Fonction publique, le syndicat des grévistes a été reçu par l’Inspection générale du travail à Kaloum. «Rien de concret. On nous demande de calmer les grévistes en attendant qu’il fasse appel à quelques responsables de GMC, avant de nous dire quelque chose de nouveau», a rapporté Soriba Manet.

« Nous faisons confiance à la loi »

À ce jour, plus de 400 personnes sont licenciées et remplacées aux GMC. Le Syndicaliste garde espoir. « Nous sommes dans la légalité, nous estimons que nous vivons dans un Etat de droit. Nous faisons confiance à la loi. En attendant, on va continuer à se faire entendre ».

Au Président de la transition, les syndicalistes demandent de s’impliquer davantage, mieux faire face au secteur privé. Il signale que les accords sur les papiers ne reflètent pas la réalité sur le terrain. « On l’invite à venir lui-même faire une visite de terrain. Il va comprendre que ces instructions ne sont pas exécutées ». Selon eux, les inspecteurs qui s’y rendent ne se liment que dans les bureaux et ne rencontrent ni les travailleurs ni le syndicat.

Abdoulaye Pellel Bah