À l’arrivée du CNRD au pouvoir en septembre 2021, des milliers de fonctionnaires ont été mis à la retraite. Quelques mois après, une plateforme baptisée « Servir-224 » a été mise en ligne pour le recrutement des jeunes à la fonction publique. Plus d’un an après, aucun recrutement. Et les chercheurs d’emploi devront encore attendre. Et pour cause ! Ce mercredi 10 mai, le ministre du Travail et de la Fonction Publique, Julien Yombouno, a été interpellé par les conseillers du CNT. Il se prêtait à l’exercice de questions-réponses au CNT.
La promesse du gouvernement de la transition avait fait rêver plus d’un diplômé à la recherche de son premier emploi. Plusieurs mois ont passé, aucun concours de recrutement de nouveaux fonctionnaires n’a été réalisé, pour des raisons jusque-là inconnues. La question est posée. Quel est le programme de recrutement que vous envisagez de mettre en place en faveur des jeunes diplômés, afin de combler le vide laissé par ceux qui ont quitté la Fonction publique ? Le ministre Julien Yombouno commence par reconnaître qu’il y a eu beaucoup de départs d’une manière ou d’une autre à la Fonction publique. « Plus de 17 000 notamment, des retraités, des emplois fictifs, des départs volontaires ou abandons de postes… » Il est conscient du taux de chômage en Guinée qui se présenterait « même dans les rues », mais il demande de la patience. « On a envie de me dire qu’il faut recruter proportionnellement au nombre de gens partis, même en attendant la biométrie. Pour éviter les erreurs du passé, il faut y voir très clair. Nous allons engager une biométrie, à travers laquelle nous pourrons mieux avoir une prise en main des effectifs et de la masse salariale de la Fonction publique. Cela nous permettra de savoir si les 104 000 fonctionnaires sont vrais ou faux. Cela nous permettra également de prendre en charge des diplômés sans emploi. Donc, on va encore garder notre mal en patience », déclare le ministre aux conseillers du CNT.
« Un concours transparent et équitable »
Pour les diplômés sans-emploi, le ministre affirme que tout le monde est concerné. Il en aurait trois qui ne travaillent pas, mais « c’est la loi, elle s’applique à tout le monde ». Pour convaincre de sa transparence, il cite l’article 17 de la Loi L027 du Statut général des agents de l’État qui stipule que « le mode d’accès aux emplois de la fonction publique reste le concours ». Selon le ministre, dans le programme FUGAS (Fichier unique de gestion administrative et solde), il y aurait un module en cours de traitement qui va porter sur le concours. « Les opérations ne seront plus faites en présentiel, mais en ligne ». Il promet un concours beaucoup plus transparent, équitable et juste pour tout le monde.
Selon le ministre, le nombre de places à pourvoir va augmenter après la biométrisation du fichier de la Fonction publique. Un plan de communication aurait été conçu pour une « organisation éventuelle d’un concours de recrutement. Les ministères sectoriels ont déjà exprimé leurs besoins. Ils vont réactualiser les profils par poste, on ne va plus faire un recrutement massif, mais en fonction des besoins et de la nécessité. Ce sera poste par poste, profil par profil, en lien avec le ministère du Budget pour voir les prévisions budgétaires avant d’organiser quoi que ce soit ». Il déclare que les places vacantes ne sont pas suffisamment nombreuses ni réservées à tous les chômeurs.
Julien Yombouno rappelle que le ministère du Travail et de la Fonction publique n’a pas pour mission que le recrutement. Il servirait également « de catalyseur et de facilitateur pour des emplois à travers le secteur privé, en collaboration avec le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi ».
Le ministre sollicite du temps pour finaliser la biométrie avant d’engager un nouveau processus pour ne pas être pris au dépourvu. Il indique qu’il serait impossible d’engager un recrutement massif « sans connaître le nombre de personnes qui émargent à la fonction publique, et de régulariser le cas des non-postés qui ont été recrutés il y a plusieurs années et qui ne sont toujours pas en fonction ».
Abdoulaye Pellel Bah