Alors que l’on vient de célébrer la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, des actes liberticides, tous azimuts, s’abattent sur les médias guinéens.

Le 17 mai (jour de manif à Cona-cris), après l’agression physique de deux journaleux à Bambéto par des bidasses, des pandores de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) se sont emparés des émetteurs du groupe médias Afric vision.

«C’est avec une grande surprise que nous avons appris des vigiles qu’une équipe de gendarmes se réclamant de l’ARPT est passée démonter les émetteurs de Sabari Fm, de Love Fm et autres équipements avant de les emporter. Ceci, sans aucune information préalable et à notre insu », dénonce dans un communiqué Sanou Kerfalla Cissé, le PDG dudit groupe.

Joint au téléphone le 18 mai, le SKC déclare que ses tentatives d’entrer en contact avec l’ARPT afin de s’enquérir des motivations du «vol » de ses émetteurs sont restées vaines. «La direction générale de Afric vision s’excuse auprès de ses partenaires et auditeurs pour les désagréments. Elle rassure de faire usage de tous les moyens légaux pour s’opposer à toute tentative illégale et liberticide», ajoute le communiqué.

«Je me demande si la République de Guinée est sur la planète terre. Je suis hypnotisé par ce comportement d’un autre âge. Je suis littéralement écœuré par les dérives que la Guinée est en train d’emprunter depuis un certain temps. Quand un média est fautif, il y a toute une procédure à suivre en ce qui concerne la sanction. Mais, nous n’avons jamais été contactés par qui que ce soit dans le cadre d’un contrôle en vue d’une désinstallation de nos équipements. Il s’agit d’un vol. Les gendarmes ont débarqué comme des fauves et n’avaient aucune intention que d’éliminer et de mettre au chômage la centaine de travailleurs de Afric vision », dénonce Sanou Kerfalla Cissé, dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la radio Sabari Fm.

Faites gaffe !

Le PDG d’Afric Vision dénonce des actes liberticides et n’exclut pas la tenue des journées sans presse. «Ils se sont attaqués à l’un des symboles de la presse. Nous respectons le cahier des charges. Il faut qu’il fasse extrêmement attention. Il ne faut pas qu’ils brûlent le pays. Si c’est un leurre, qu’ils retournent réinstaller nos équipements. Pendant que la flamme de la Journée internationale de la liberté de la presse reste allumée, l’Etat s’attaque de manière violente à la presse, de surcroit à un acteur majeur. On s’attaque à la mauvaise personne.»

Restriction de réseaux sociaux

Le 17 mai, jour de la manif des Forces ivres de Guinée à Cona-cris, l’accès à plusieurs réseaux sociaux a été restreint ainsi que l’accès à nombreux sites d’informations. Ce 18 mai, la radio FIM FM a enregistré des problèmes techniques, dont l’origine reste à déterminer. Ce qui est sûr la radio n’a pu dérouler ses programmes habituels.

Le premier acte liberticide

Le 9 mai, le journaleux Ibrahima Foulamory Bah du site Courrier de Conakry, a été interpellé par des bidasses de la garde présidentielle, dit-on, au portail de la Primature, à Kaloum. Il couvrait une manif. «Il s’est présenté journaliste à plusieurs fois. Mais les militaires l’ont brutalement retiré son téléphone, avant de le conduire à leur poste, où ils l’ont séquestré pendant une heure. Ils ont fouillé les coins et recoins de son téléphone, violant ainsi sa vie privée et professionnelle. A sa libération, deux militaires l’ont photographié contre son gré tout en lui proférant des menaces », déclarait le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG).

La Guinée occupe le 85è rang sur 180 pays dans le classement mondial de Reporters Sans Frontières.

 Yaya Doumbouya