Le 31 mai, s’est poursuivi le procès d’Oyé-Oyé Guilavogui, ancien ministre des Télécoms, contre le ministère public, devant la chambre des jugements de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Moussa Keïta, ancien dirlo de la Société des télécommunications de Guinée (Sotel-guigne), soutient qu’Oyé-Oyé a contribué à l’échec de l’extension et de la modernisation de ladite boîte.
L’ancien ministre est poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Les débats tournent précisément autour de cinquante millions de dollars ricains prêtés par Eximbank (Chine) à la Guinée, pour l’extension et la modernisation du réseau téléphonie mobile, la Sotelgui. Oyé-Oyé Guilavogui aurait détourné une partie du magot, croit le ministère public. L’accusé n’a de cesse de rejeter l’accusation. Il jure, la main sur le palpitant, n’avoir jamais vu la couleur de l’argent.
Le juge, Alhassane Mabinty Camara, a une fois encore, rejeté la demande de mise en liberté de l’ancien ministre des Télécoms. Moussa Keïta, le dirlo de la Sotelgui à l’époque des faits, indique être l’un des artisans des négociations pour l’obtention du prêt concessionnel de cinquante millions de dollars ricains auprès d’Eximank pour la Sotelgui. Mais, selon lui, il aurait été écarté de la société dès l’acquisition du fonds. «Huawei ne pouvait s’adresser qu’à moi, mais dès l’instant qu’on nous a mis dehors, la société commence à s’adresser au ministre Oyé Guilavogui. Or, il n’a ni qualité ni mandat, ni compétences pour gérer le projet qui appartient à la Sotelgui. Il s’est approprié de la gestion de la chose, alors que le ministère n’est que la tutelle. Quand quelqu’un se substitue au propriétaire, ce n’est pas pour amuser.» L’ancien dirlo de la Sotelgui soutient qu’Oyé-Oyé Guilavogui présidait le comité de gestion du projet, installé après son départ, en lieu et place de la direction de la Sotelgui.
« Mauvaise intention »
L’artisan et (l’un des signataires) de l’accord de prêt, Moussa Keïta déclare que si le projet avait été bien exécuté, «toutes les sociétés téléphoniques en Guinée allaient être sous notre ombrage.» Le pro-crieur, Moustapha Mariame Diallo, estime qu’Oyé-Oyé Guilavogui a chassé Moussa Keïta pour pouvoir s’emparer du prêt chinnetoque, en instaurant un comité de gestion à la place de la Direction générale de la Sotelgui. Le Moussant Kéïta indique que «c’est la mauvaise intention » d’Oyé-Oyé qui aurait conduit à la fermeture de la Sotelgui. Toutefois, il «ne confirme pas et n’infirme pas » que le ministre Oyé-Oyé Guilavogui aurait détourné les 50 millions de dollars ricains. Selon lui, l’Etat doit à la société cinquante-sept milliards de francs glissants. Et d’ajouter que les 1 608 travailleurs ont perçu leur dernier salaire en 2013. Or, selon lui, les comptes de la société logés à la Banque centrale indiquent que les salaires des travailleurs sont virés jusqu’en 2015. Ainsi, l’ancien dirlo invite le tribunal à se saisir du volet social de la Sotel-guigne, aussi de s’enquérir du sort réservé aux douze teufteufs de la société.
Me Babin Camara, de la partie civile (agent judiciaire de l’Etat), veut savoir si Oyé-Oyé Guilavogui a laissé Huawei faire de la Sotelgui ce qu’elle veut. «Il n’est pas technicien, il ne connaît pas. Huawei a installé les équipements alors que la Sotelgui était déjà fermée.» Est-ce qu’il avait la main mise sur la société, interroge Me Babin Camara. «C’est clair. Si on prend même le gardiennage, qu’est-ce qui reste à prendre ? »
La défense rejette les accusations de l’ancien dirlo de la Sotelgui et argue que celui-ci accuse son client à cause de son départ de la société.
Yaya Doumbouya