Jeudi 3 août à Cona-cris, le gouvernement, le mouvement syndical et le patronat ont fini en queue de poisson autour des négociations liées à la plateforme revendicative syndicale. Les syndicaleux se retirent et accusent le gouvernement de mauvaise foi. 

Rien n’augure des lendemains meilleurs. Peu après le retrait du mouvement syndical, la commission nationale des négociations a tenu un poing de stress à la Bourse du travail, pour vider son sac. Abdoulaye Barry, son prési, a déclaré que le gouvernement manque de volonté de faire aboutir les négociations. «Il y a deux semaines que nous avons entamé les négociations avec le gouvernement et le patronat. Nous avons débuté par les points qui n’ont pas été appliqués par le gouvernement depuis avril 2022 : l’allocation familiale des travailleurs à la retraite, l’intégration des enseignants contractuels à la Fonction publique (…) Nous avons demandé une augmentation de 100% sur le point d’indice chez tous les travailleurs de la Fonction publique. Nous avons aussi demandé une négociation pour le secteur mixte et privé pour une augmentation de 70% du point d’indice.»

En outre, le dossier épineux de l’intégration des gens-saigants contractuels à la Fonction publique risque de se corser, si les négociations ne reprennent pas d’ici à la rentrée des classes. Alsény Mabinty Camara, le coordinateur des bouffe-la-craie contractuels, conditionne leur retour en classe au paiement de six mois d’arriérés de salaire (2022-2023) par le gouvernement, ainsi que leur intégration à la Fonction publique.

Les négociations entre les parties ont permis de repousser jusqu’à nouvel ordre, la date butoir, pour l’opération d’immatriculation des teufteufs et autres motos.

L’alibi gouvernemental

Pour Abdoulaye Barry, le gouvernement est à court de propositions, d’où, affirme-t-il, il poserait problème au nombre des négociateurs syndicaleux autour de la table. «Le mouvement syndical a décidé d’envoyer quinze personnes issues des treize centrales syndicales, pour les négociations. L’éducation seule est représentée par huit personnes. Chaque négociateur a un domaine spécifique à défendre. Aujourd’hui, le gouvernement nous demande de réduire cet effectif à treize. Nous avons compris qu’il manque de volonté de négocier pour aider les travailleurs. Comme il n’a pas de proposition, il se focalise sur une question inutile : le nombre des négociateurs. Nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale, le gouvernement est responsable de tout ce qui adviendra dans le pays », prévient-il. Dirige-t-on vers un débrayage des enseignants à l’ouverture des classes ? Qui vieillira verra.

Plateforme revendicative

En avril dernier, le mouvement syndical guinéen avait soumis au gouvernement une plateforme revendicative de cinq points. Il s’agit de la revalorisation de la valeur monétaire du point d’indice à hauteur de 100% pour toutes catégories des fonctionnaires et pensionnés, majorer les indemnités de logement et de transport de 500 000 francs glissants, chacun.  «Revalorisation de la pension de retraite des travailleurs déclarés à la CNSS à hauteur de 50% des derniers salaires mensuels payés, fixation de la prime de départ à la retraite de deux à douze mois et faire le paiement à temps de ladite pension, faciliter l’obtention des documents administratifs biométriques et revoir à la baisse les prix de la carte grise et du permis de conduire en faveur des travailleurs de tous secteurs confondus », lit-on dans la plateforme. Les syndigaleux exigeaient aussi des négociations internes dans les secteurs privés et mixtes, permettant une valorisation du salaire de base à hauteur de 70%.

A l’occasion de la Journée internationale des travailleurs (1er mai 2023), Nanard Goumou, le Premier ministre, leur avait répondu par l’annonce de l’ouverture des négociations autour de la plateforme revendicative.

Yaya Doumbouya