La Coordination nationale des enseignants contractuels de Guinée (CNECG) a tenu une assemblée générale mercredi 27 septembre, à l’école primaire de Yimbaya –Tannerie (Matoto). Ils exigent leur intégration sans condition à la Fonction publique, avant la fin de l’année, réclament à l’Etat plus de neuf mois d’arriérés de salaire et de prime d’incitation avant l’ouverture des classes prévue le 3 octobre prochain.
Bien que moins nombreux par rapport à la dernière assemblée générale, ils sont encore venus de N’Zérékoré, Labé, Siguiri, Faranah, Kankan et du Grand-Conakry avec les mêmes slogans que les précédents : « Vive l’intégration des enseignants contractuels à la fonction publique ! À bas l’injustice ! À bas la démagogie ! À bas le concours de recrutement ! Vive le paiement des arriérés de salaire ! À bas la trahison ! Vive les pratiques des classes ! Ensemble, nous vaincrons ! »
Le 26 août, les gens-saignants avaient décidé de boycotter la rentrée scolaire 2023-2024 jusqu’à la satisfaction de leurs revendications, soulignant que si la loi exige un concours pour l’intégration à la Fonction publique, elle interdit de faire travailler quelqu’un sans le payer. À une semaine de l’ouverture des classes, la situation semble enfin sur la bonne voie. Les dernières négociations tripartites entre le Syndicat des gens-saignants contractuels, le patronat et le gouvernement portent-elles leurs fruits ? Les arriérés seront payés et les contractuels « méritants » seront intégrés à la Fonction publique à l’issue du concours, dit-on.
Concours et faux diplômes ?
À la table des négociations, Alsény Mabinty Camara, le coordinateur national des enseignants contractuels, rapporte qu’il a été décidé « d’organiser un concours local, préfectoral. Tous les contractuels qui ont servi à l’école guinéenne et qui figurent dans le fichier des enseignants contractuels vont participer à cette évaluation. Elle sera faite en deux volets (pratique de classe et écrit). Il y aura la phase d’identification, la biométrisation ». Le sort de ceux qui ne seront pas admis au concours ? « Le gouvernement a promis de trouver un terrain d’entente ». Amen !
Selon le coordinateur, les contractuels ont sué depuis 2018, mais leur préoccupation n’était pas prise en compte. Sur le cursus scolaire de ses collègues, il promet de ne pas être un promoteur de la médiocrité. « On ne va jamais défendre des détenteurs de faux diplômes. Mais tous ceux qui sont dans les normes seront défendus becs et ongles ». Selon Alsény Mabinty Camara, sur les 18 741 diplômes annoncés, 16 763 ont été remontés pour authentification : 13 052 ont été validés, 1 549 ont été déclarés faux diplômes, 110 falsifiés et 1 424 sont des attestations diverses.
Les arriérés de salaire ?
Les bouffe-la-craie contractuels dénoncent un refus de la part du goubernement. « Ils sont restés bras croisés tout au long des vacances, sans nous payer ». Selon les grognons, ils ont traversé une année pénible, certains « sont décédés dans une misère indescriptible, d’autres se sont suicidés faute de moyens, divorcés, délogés, des malades non pris en charge. Nous ne comptons que sur cet argent pour faire face à ces difficultés. Nous avons demandé au gouvernement le payement de ces arriérés, avant l’ouverture annoncée des classes ». A. Mabinty Camara indique que sur ces conditions, le gouvernement a été clair : il ne pourra pas payer les neuf mois de salaire d’un seul trait. Le manque de moyens en serait la cause. « Ils ont proposé un payement graduel, dont la majeure partie avant la rentrée des classes. Le reste sera payé à la fin de chaque mois, cumulativement ».
Les gens-saignants contractuels ont juré, par écrit, d’être prêts à renoncer à tous les arriérés de salaire à condition d’être intégrés à la Fonction publique dès octobre 2023, avec des matricules et des prises en charge. « Le sujet sera débattu à huis clos, vu que le ministère de l’Éducation nationale a exprimé un besoin de 20 000 enseignants, accepté par le CNT, mais à partir de janvier 2024 ».
Alsény Mabinty invite les Associations des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE), de prendre leur bâton de pèlerin, pour rencontrer les autorités et plaider pour le respect de leurs engagements envers les bouffe-la-craie contractuels. Ce qui éviterait des perturbations de l’année scolaire qui s’annonce. Eh, oui !
Abdoulaye Pellel Bah