Lundi 2 octobre, les Guinéens célèbrent le 65ème anniversaire de leur indépendance nationale. Les autorités de la Transition et leurs invités fêtent au centre-ville, à Kaloum, le reste de la population, en banlieue de Conakry. Sur l’Axe de la « démocratie », l’ambiance était festive.

Un carnaval, à l’initiative de l’Axe GN, de From Bambéto, entre autres, est parti du quartier  Koloma au rond-point d’Enco 5, en passant par celui de Cosa. Des jeunes, pour la plupart, arborent le tricolore national. De la musique, des coups de klaxon et sifflet mêlés aux cris des fêtards raisonnent de loin. La circulation est perturbée, le commerce quasi-clos. Mais nombre d’habitants des zones vaquent à leurs occupations.

Dans un bar café du « Camp-Carrefour », à l’entrée du camp Alpha Yaya Diallo sur la route Leprince, la pose de la gerbe de fleurs à la place des martyrs à Kaloum suivie des festivités du 2-Octobre sont suivies, dans un silence inédit.

Aboubacar Doumbouya, couturier à Koloma, dit qu’il est bien de fêter, mais il faut toujours penser au développement de la Guinée. « C’est jour férié, mais nous, nous travaillons. Je pense que les jours fériés, c’est pour les fonctionnaires. Les autres sont obligés de travailler tous les jours, pour subvenir aux besoins quotidiens de leurs familles », ajoute-t-il, derrière sa machine à coudre. Dans la zone, nombreux ateliers de toute sorte sont ouverts.

Mamadou Yéro Bah, jeune de l’Axe, rencontré à Enco 5 : « On est en fête, on est fier. Mais on est peiné de constater que l’on a deux façons de fêter le 2-Octobre : la junte avec son clan et l’Axe avec sa jeunesse. On aurait dû célébrer ensemble comme en 2021, lorsque Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir. Il avait fêté sur l’Axe, aux côtés des Guinéens, l’enthousiasme était total ».

Il déclare qu’au lieu d’inviter les uns à Kaloum et laisser les autres, le président Mamadi Doumbouya aurait convié tout le monde à cette fête nationale, « peu importe où. Maintenant, nous autres qui n’avons pas de carte d’invitation sommes obligés de fêter où nous sommes. Il doit comprendre que personne n’a payé pour être Guinéen. Nous sommes nés Guinéens et fiers de l’être. » Mamadou Yéro Bah accuse, en « Guinée, la population travaille plus que l’État. L’État ne fait absolument rien, sauf piller les ressources pour construire ailleurs et garder leurs comptes bancaires bien garnis. Voilà la cause du retard de notre pays, c’est déplorable. »

Hassanata Bah déclare que la fête de l’indépendance est une affaire pour tous. « Aucun Guinéen ne doit être mis à l’écart, c’est la fête. Tout le monde doit être heureux ». 

A 13 heures, le point de chute du carnaval commençait à se vider peu à peu.

Yaya Doumbouya