Invité de nos con(.)frères de FIM FM le 3 octobre, Dr Bano Barry, ancien ministre d’Alpha Grimpeur, très remonté dit le dilemme cornélien où les intellectuels guinéens se trouvent. Les intellectuels se taisent, l’opinion publique les accuse de garder un silence coupable. Ils parlent, on estime qu’ils cherchent un poste. Au passage, l’ancien ministre enjoint les journaleux d’arrêter de faire son procès.
Dr Barry a mis à l’occasion à profit pour ouvrir un autre front, contre sa communauté. Il s’insurge contre l’attitude de celle-ci qui, selon lui, ne tolère pas qu’un des siens collabore avec un autre, issu d’une autre communauté. Désignant nommément l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et son prési La Petite Cellule Dalein Diallo. Ces propos ont suscité une véritable levée de boucliers. Les militants de l’opposition au régime Grimpeur qu’il a servi sont vent débout. Sur la toile, c’est une pluie de commentaires. Les militants de l’UFDG ne font aucun cadeau à l’ancien ministre. Ils exhument les archives et affichent les photos de l’universitaire, l’écharpe du RPG autour du cou, pendant la campagne pour le 3è mandat controversé d’Alpha Grimpeur.
Comme s’il savait que ses propos susciteraient un tollé, Bano Barry a martelé qu’il répondra désormais coup sur coup aux attaques. Ce qui était en soi une erreur de Com. Parce que, d’une part, ses détracteurs ont compris qu’il est sensible à leurs critiques, d’autre part un intellectuel n’est pas un gamin de la rue, pour répondre coup sur coup. Cette prise de position augurait un duel sans merci, notamment sur la toile. Un duel pour le moins asymétrique. Lorsqu’un homme décide de croiser le fer avec tous les militants d’un parti politique, le combat ressemble à celui d’une gazelle contre une meute d’hyènes. Le pauvre Bano en a eu pour son compte. Même s’il fait appel à l’innovation de son mentor – les communicants- le rapport de force constitue un grand fossé dans lequel le ministre risque de s’engloutir.
Déjà des internautes, recrutés pour le besoin de la cause ou simples volontaires et défenseurs de l’ancien ministre, ont annoncé la couleur. Pour les uns, Dr Bano a dit tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas. D’autres estiment que l’universitaire n’avait qu’à se mettre au-dessus des « attaques contre ma personne ». Pour se mettre au service de son pays, confronté à des défis qui nécessitent l’intervention et l’implication des intellectuels de sa race.
Pour beaucoup d’observateurs, Bano Barry doit plutôt faire amende honorable, faire son mea-culpa, présenter des excuses aux Guinéens pour avoir choisi le camp de l’oppression et de la violation des textes écrits avec le sang de Guinéens. Il aurait dû emboîter le pas à ses collègues Cheick Sako, Abdoulaye Yéro Baldé, Gassama Diaby.
Quand on choisit le mauvais côté de l’histoire, on doit remuer sa langue dix fois avant de l’ouvrir. Au risque de se la mordre. Comme ce fut le cas toute la semaine dernière. Répondez, Dr Bano : votre communauté s’en prend à vous parce que vous avez été avec Alpha Grimpeur ou parce que vous avez a soutenu le Troisième mandat ? Si c’est le premier cas, on vous doit des excuses. Dans la seconde hypothèse, vous devriez garder profil bas et faire amende honorable.
On ne peut être complice d’un régime coupable de la mort d’une centaine d’opposants et s’attendre à ce que ces derniers vous caressent dans le sens du poil. On n’a pas besoin d’être un sociologue pour le savoir.
Habib Yembering Diallo