Le procès des présumés auteurs de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opérateur économique, El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura a repris le 16 octobre, au Tribunal de première instance de Dixinn. L’audience qui devait être consacrée à la déposition du célèbre Thierno Ciré Sow a été écourtée. Son avocat ne s’est pas pointé, au grand dam de la partie civile.
Son passage à la barre est très attendu, mais Thierno Ciré Sow alias Kams devra encore attendre. Pourtant, celui qui est vu par la partie civile comme un des présumés bourreaux d’El Hadj Doura Diallo trépigne d’impatience. Il dit avoir hâte de livrer sa part de vérité dans cette affaire, afin « de se sortir de ce bourbier ». Kams était déjà dans la salle d’audience du TPI de Dixinn avec ses coaccusés, mais il a beau attendre son avocat, maitre Mbomby Mara, celui-ci n’est pas venu : « Nous avons échangé hier soir, il sait que je vais être là aujourd’hui. En tout cas, moi je suis prêt à être entendu », déclare Kams.
Problème dans un dossier criminel, la présence de l’avocat de la défense est obligatoire. L’accusé n’avait donc aucun moyen de se faire entendre sans son avocat. D’où la demande de renvoi venant du parquet : « Toutes les parties sont informées de la tenue de l’audience. Si un avocat décide de bouder pour des raisons que nous ignorons, ce n’est ni la faute au parquet ni la faute à la partie civile. Qu’il vous plaise de renvoyer le dossier, au détriment du client ».
Cette attitude de l’avocat de Kams agace sérieusement son confrère de la partie civile : « Ça me fait de la peine de voir le dossier bloqué à cause de l’absence répétée d’un avocat. Cette a affaire beaucoup trainée. Au-delà des efforts du parquet, à chaque fois que je viens ici, j’appelle Me Abou Camara, Me Sidiki Bérété, Me Sory Condé… tous avocats de la défense (ndlr), pour qu’ils viennent. Ils doivent avoir pitié de leurs clients. Ceux-ci n’ont que trop souffert dans cette affaire. Le droit à la défense est sacré, mais ils ne peuvent pas être continuellement absents », déclare Me Faya Gabriel Kamano.
Dans cette procédure, une vingtaine d’accusés a été déjà entendue à la barre. Il ne reste plus que Kams avant que le tribunal n’ordonne les plaidoiries et réquisitions. Thierno Ciré Sow clame son innocence, mais le fils de la victime l’accuse d’être un cerveau de la mort de son père. Pendant qu’il cherchait à retrouver son papa, Thierno Boubarcar Diallo dit avoir été contacté par un certain Lama Kaba, un accusé en cavale, qui lui aurait parlé de l’implication de Kams. Il dit où le trouver et comment il chercherait à se soustraire des griffes de la justice. Le tuyau que Thierno Boubacar a reçu de Kaba l’aurait conduit au cimetière de Hamdallaye où Kams et ses proches enterraient sa mère. Il a été filé jusqu’à son domicile à Petit-Simbaya. La partie civile fait appel aux forces de sécurité qui mettent trois heures avant de se rendre au domicile du présumé membre du cerveau. Elles fouillent la maison et disent à la famille que Kams a pris la fuite. Sauf que le lendemain, après une rencontre avec Alpha Condé, ex président de la République, la famille, en compagnie du général Ibrahima Baldé, ancien Haut commandant de la gendarmerie nationale, est redirigée vers Abdoul Malick Koné, à l’époque, Directeur de la police judiciaire. Thierno Boubacar Diallo et sa suite trouvent Kams confortablement installé dans le bureau climatisé du Malick Koné. « Cet épisode m’a confirmé que Kams était impliqué », disait Thierno Boubacar dans son témoignage.
El Hadj Abdourahmane Diallo a été kidnappé à Hamdallaye, le matin du 5 décembre 2017 alors qu’il se rendait à la mosquée de son quartier, pour la prière de l’aube. Son corps ne sera retrouvé que 4 mois plus tard dans un bas-fond à Forécariah.
Yacine Diallo